Publié le 6 Juillet 2024
religiondigital.org avec EFE nous montrent dans un article du vendredi 5 juillet 2024 que la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi a annoncé vendredi l'excommunication de l'archevêque italien Carlo Maria Viganò, accusé de "schisme" pour ses attaques continues contre le pape François et pour ne pas avoir reconnu son autorité. Vigano, 83 ans, est un représentant du secteur le plus conservateur de l'Église catholique, nommé archevêque en 1992 par Jean-Paul II puis, entre autres fonctions, nonce apostolique (ambassadeur) au Nigeria jusqu'en 1998 et aux États-Unis entre 2011 et 2016. "Ses déclarations publiques sont connues, qui aboutissent à son refus de reconnaître et de se soumettre au Souverain Pontife, à la communion avec les membres de l'Église et à la légitimité de l'autorité magistrale du Concile Vatican II", a déclaré la Congrégation dans un communiqué, chez celui qui déclare «monseigneur» coupable du crime de schisme.
Ses sorties médiatiques ont connu un fort écho dans le milieu ultraconservateur, vent debout contre la vision doctrinale du pape François sur les questions liturgiques ou de société, comme la messe en latin ou l’accueil des personnes LGBT+. Cette opposition, qui s’est accentuée ces dernières années, a parfois remis en cause la légitimité de Jorge Bergoglio comme successeur de Pierre, faisant craindre une rupture au sein de l’Église. En août 2018, Mgr Vigano avait ainsi provoqué une bombe médiatique en appelant à la démission du pape, en publiant une cinglante liste d’accusations sur sa gestion des violences sexuelles dans l’Église. Il l’accusait notamment d’avoir longtemps protégé l’ex-cardinal américain Théodore McCarrick, défroqué en 2019 pour des violences sur mineur (https://www.tdg.ch/vatican-un-archeveque-ultraconservateur-est-excommunie-899667029493).
Un an plus tard, l’ancien secrétaire général du gouvernorat du Vatican avait refait parler de lui en publiant une longue lettre de soutien inconditionnel à Donald Trump, critiquant le confinement pendant la pandémie et justifiant la répression des émeutes aux États-Unis. Il avait aussi été à l’initiative d’une pétition appelant à la reprise du culte dans les églises, en jugeant que les mesures sécuritaires autour de la pandémie du coronavirus visaient la liberté religieuse. Ce texte avait été signé par des cardinaux traditionalistes. Dans des déclarations à la tonalité très complotiste reprenant les théories de la mouvance qAnon et relayées dans les milieux d’extrême droite, Mgr Vigano avait aussi pris position contre le vaccin contre le Covid-19 en s’insurgeant contre la «dictature sanitaire» et la «grande réinitialisation» menée selon lui par les grandes puissances mondiales mineur (https://www.tdg.ch/vatican-un-archeveque-ultraconservateur-est-excommunie-899667029493).
Dans le communiqué de presse du Dicastère présidé par le cardinal Víctor Manuel Fernández, il est noté que «le 4 juillet 2024, le Congrès du Dicastère pour la Doctrine de la Foi s'est réuni pour conclure la procédure pénale extrajudiciaire ex can. 1720 CIC payée pour par SON Monseigneur Carlo María Viganò, archevêque titulaire d'Ulpiana, accusé du crime réservé de schisme (cann. 751 et 1364 CIC; art. 2 SST)». Après avoir enregistré les accusations portées contre lui, on constate que "à la suite du procès pénal, Monseigneur Carlo Maria Viganò a été déclaré coupable du crime réservé de schisme", pour lequel "le Dicastère a déclaré l'excommunication latae sententiae ex can. 1364 § 1CIC". "La levée de la censure dans ces cas est réservée au Siège Apostolique", ajoute le communiqué du dicastère, qui confirme que la décision du verdict a été communiquée à Vigano le 5 juillet 2024.
L'archevêque avait précédemment annoncé qu'il renoncerait à son droit de se défendre et qu'il considérerait l'accusation comme un honneur. Vigano a ignoré à la fois sa convocation et la demande de répondre au dicastère pour sa défense dans un délai. Il y a trois semaines, il a lui-même rendu publique la dénonciation du dicastère religieux en publiant le décret (https://www.katholisch.de/artikel/54531-erzbischof-vigano-wegen-schismas-exkommuniziert). Peu de temps après sa convocation pour son audience du 20 juin, la Fraternité traditionaliste dissidente Saint-Pie X (FSSPX) a pris ses distances avec Vigano, malgré les rumeurs selon lesquelles il aurait été reconsacré comme membre du groupe, au motif que les déclarations publiques faites par Vigano après que sa convocation soit allée au-delà des actes qui ont valu l'excommunication de leur propre fondateur. Faisant référence à une déclaration dans laquelle Vigano a déclaré que le pape François avait un «défaut de consentement» en acceptant son élection à la papauté, la FSSPX, dans une déclaration du 24 juin, signifiait que «selon Vigano, le cardinal Bergoglio considérait la papauté comme autre chose que ce qu'elle est réellement. Il accepta la charge pontificale sans y consentir pleinement, et cette erreur entraîna la nullité de son acceptation. Son pontificat serait donc celui d’un espace réservé.» "Mgr Lefebvre et la Fraternité qu'il a fondée ne se sont pas aventurés dans cette voie périlleuse", ont-ils déclaré, faisant référence à leur fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, qui avait lui-même été déclaré excommunié pour schisme en 1988 (https://cruxnow.com/vatican/2024/07/vatican-declares-former-us-envoy-excommunicated-on-july-4).
Une bonne partie de l’opinion publique ou publiée de l’extrême droite ecclésiale a opté pour le silence, car le schisme est quelque chose de très grave, même pour les plus rigoureux. Certains, comme le prêtre argentin Javier Olivera Ravasi (d'ailleurs retweeté par d'autres ecclésiastiques espagnols, comme le père Góngora), sans nier la gravité des événements de Vigano, ont demandé une condamnation massive du jésuite James Martin. "L'Église excommunie Mgr Vigano, ancien nonce aux États-Unis. Elle a appliqué la peine pour crime de schisme prévue par le Code de droit canonique. Cette peine s'applique également à ceux qui persistent dans l'hérésie. Il serait bon d'enquêter sur ceux qui, comme le père James Martin, promeuvent les hérésies sodomitiques ou scandalisent les fidèles en montrant la Vierge Marie comme pro-lgbtq, sinon une personne mal pensante pourrait dire qu'on ne voit qu'une partie de la réalité...", perpétue Olivera dans ses réseaux (https://www.religiondigital.org/vaticano/ultraderecha-Vigano-Roma-James-Martin-cisma-condena-doctrina-fe_0_2685331463.html). Le prêtre argentin Javier Olivera Ravasi est plutôt de mauvaise foi, car le père James Martin n’est ni contre Vatican II ni contre le pape, et ce n’est pas schismatique non plus de vouloir rendre l’Église accessible à tous et de vouloir y inclure les personnes LGBT sauf pour les délires homophobes de ces prélats conservateurs.
Merci !