Le sécularisme, une chance pour l’Église

Publié le 23 Mars 2011

Cela nous est confirmé par l’ouvrage La sortie de religion, est-ce une chance ? des éditions l’Harmattan sorti en 2010 est l’œuvre de Michel Gigand, de Michel Lefort, de Jean-Marie Peynard, de José Reis et de Claude Simon, à la fois ouvriers et prêtres dans le Calvados, se rassemblent chaque semaine en équipe depuis plus de vingt ans. La condition ouvrière, leurs engagements dans le Mouvement ouvrier (SUD Solidaires et CGT) et dans des organisations citoyennes les ont profondément changés au fil des années. C'est ce qu'ils veulent partager dans ce livre.

 

Le processus de sécularisation, qui touche les sociétés occidentales et spécialement la nôtre et qui est vu négativement dans certains milieux chrétiens, a interpellé ces prêtres ouvriers qui, eux, y voient une chance. Les réflexions du théologien Joseph Moingt et du philosophe Marcel Gauchet sur "le christianisme comme religion de la sortie de religion" les ont beaucoup marqués.

 

Ils décrivent la religion de leur enfance (hélas encore parfois actuelle) comme une religion englobante détentrice du "salut" avec ses interdits et ses accommodements... La vie quotidienne avec des travailleuses et des travailleurs qui, très majoritairement, ne partagent pas la foi chrétienne les a bousculés. Les luttes syndicales pour plus de justice et pour changer une société devenue si inégalitaire ont remis en cause bien de leurs façons de voir et aussi de croire. Pour les cinq protagonistes, la foi est à chercher au cœur des humains, "au sein des personnes les plus méprisées de l'humanité. Être pratiquant, c'est faire réussir et grandir l'humanité, et non pas accomplir les actuels rituels de religion." Et c'est dans le monde ouvrier, à travers leur immersion dans les syndicats et leurs combats, que les cinq prêtres ont trouvé la meilleure façon de vivre leur foi. "La religion a voulu tout englober en mettant les gens sous tutelle. Elle devenait détentrice du salut avec ses interdits et ses accommodements. Résultat, peu à peu, les gens ont pris leur autonomie par rapport à la religion qui voulait dicter leur vie", poursuit Jean-Marie Peynard, ancien facteur à Saint-Pierre-sur-Dives.

 

Ils essaient de décrire ces changements importants ainsi que leurs évolutions dans la façon de lire la Bible, de l'appréhender, et d'en comprendre le message pour aujourd'hui. Ils expérimentent que la foi chrétienne dépasse la religion qui la porte ; les premiers chrétiens ont dû dépasser leurs religions, juive ou païenne, pour témoigner du message universel de Jésus, tel que l'a mis par écrit le "collectif Jésus" à la fin du premier siècle. Et d'émettre de sérieux doutes sur les Écritures telles qu'elles sont arrivées jusqu'à nous : "grâce à un processus de sécularisation et au travail des exégètes depuis plus d'un siècle, beaucoup d'obstacles à la lecture ont été surmontés. Nous sommes devenus bien conscients que ce n'est plus un texte qui nous tombe du ciel et qu'on devrait accepter sans essayer de comprendre. Nous avons bien compris que c'est un texte qui est tributaire de l'état des connaissances au moment où il a été écrit et qu'on peut donc le remettre en question sans problème. Nous avons découvert que c'est le texte qui est tributaire des croyances de ceux qui l'ont écrit à une époque donnée et on n'est donc pas du tout obligé de tenir pour "révélées" des données qui sont remises en cause par le progrès des connaissances. Enfin, nous avons appris que c'est un texte qui a été remanié à plusieurs reprises et qui garde des traces de ces différentes époques. Les anciens gardaient les textes anciens, tout en y ajoutant de nouveaux : ainsi a-t-on deux récits de la création qui ne datent pas de la même époque et qui insistent sur des aspects différents". Comprendre avant de poursuivre : "Toutes ces découvertes, et bien d'autres encore, sont très libératrices et nous aident à interpréter le message de la Bible pour notre époque. Et la Bible, dans sa complémentarité ancien et nouveau Testament, est devenue une source de sens pour notre vie. Que le Dieu de Jésus auquel nous adhérons respecte les cheminements humains pour se faire découvrir. Voilà qui ouvre des horizons et donne un intérêt pour comprendre l'héritage de nos ancêtres."


Vivant dans un contexte de sortie de religion, leur conviction est que les chrétiens, à leur place et parmi d'autres, sont invités à être des acteurs de la réussite de l'humanité. Ils nous proposent de saisir cette chance. Une position pas toujours facile à tenir face à une Église toute puissante. "Le processus de sécularisation, qui touche les sociétés occidentales et spécialement la notre et qui est vu négativement dans certains milieux chrétiens, nous a interpellés".

 

Un vibrant témoignage qui nous montre que l’Église n’a pas su voir la chance qu’était le sécularisme pour elle. Dommage, car son véritable ennemi est l’intégrisme et le fondamentalisme qui refusent que la foi se mêle à la raison. N’oublions pas que Jésus a été le premier à séparer le politique du religieux en disant «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (Matthieu, 22, 21). Et Jésus n’a-t-il pas dit de faire l’aumône en secret (Matthieu 6, 1-4), de prier en secret (Matthieu 6, 5-6) et de jeûner en secret (Matthieu 6, 16-18). Donc le sécularisme n’est pas en désaccord avec Jésus.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens-progressistes

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