France : une congrégation de sœurs raconte «un système d'emprise»

Publié le 6 Mai 2023

RFI.fr  avec l’AFP nous montrent ce samedi 6 mai 2023 que les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris ont reconnu dans un communiqué qu'elles avaient été victimes d'«un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies» par les anciennes responsables.

 

«Abus spirituels et de conscience, abus de pouvoir et d'autorité, séparation des sœurs d'avec leur famille et leur référent spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de discernement vocationnel». C'est en ces termes que les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre décrivent dans leur communiqué les sévices qu'elles ont subis.

 

Par pudeur, sœur Marie Jérémie, victime, n'en dira pas plus, mais elle avoue avoir été sous emprise. «Ce sont des formes d’abus de pouvoir où en fait, par exemple, on a pu entendre de la part de l’autorité : "Je sais ce qui est bon pour toi". C’est quelque chose d’infantilisant et cela ôte totalement la liberté», explique-t-elle au micro de Laurence Théault du service France de RFI. Les supérieures pouvaient infliger des souffrances en faisant croire qu'il s'agissait de la volonté de Dieu. «Ces dérives ont causé de nombreux départs de sœurs, dans des conditions trop souvent douloureuses et difficiles, l'autorité de l'époque (...) les ayant (...) ostracisées», ajoutent les signataires du texte. Il n'est pas possible de connaître le nombre exact de victimes, selon sœur Marie Jérémie

 

Roseline de Romanet a fait aussi les frais de cette emprise. Prieure de la congrégation entre 1998 et 2004, elle a subi de nombreuses humiliations et affirme qu’elle n’a jamais pu exercer sa fonction en raison de l’influence de la précédente prieure. Outre le fait que les sœurs ne pouvaient consulter un médecin seule, l’ancienne prieure désormais sortie de la vie religieuse, raconte que «la relation avec les familles était bafouée. Lorsqu’elles venaient nous voir au parloir, bien souvent des sœurs écoutaient derrière les portes, on ne devait jamais rien dire de négatif de la congrégation. Il y avait une culture du silence extrêmement forte». Si forte qu’elle ne pouvait même pas maintenir la relation avec sa sœur, pourtant elle aussi membre de la congrégation. Maintes fois, Roseline de Romanet a voulu démissionner mais elle subissait un chantage affectif et spirituel (https://www.rcf.fr/articles/actualite/emprise-et-abus-les-soeurs-benedictines-du-sacrecoeur-demandent-pardon).

 

Malgré deux visites apostoliques - la première il y a près de 20 ans en 2004 et la seconde en 2012 - rien n'avait changé. Un laps de temps que sœur Marie Jérémie justifie par «un chemin de réforme qui a été très long, trop long, reconnaît-elle, mais nous avons eu besoin de ce temps pour nous remettre sur pied, pour être davantage lucide de notre histoire passée, pour pouvoir en parler avec plus grande liberté» spirituel (https://www.rcf.fr/articles/actualite/emprise-et-abus-les-soeurs-benedictines-du-sacrecoeur-demandent-pardon).

 

Dans la déclaration, publiée la semaine dernière sur le site internet de la congrégation, les sœurs précisent que ce système avait été «mis en place sur plusieurs décennies par l'autorité de l'époque». Avant 1998, «il y avait déjà des dysfonctionnements, mais les choses se sont particulièrement complexifiées entre 1998 et 2012», selon sœur Marie Jérémie. Alors pourquoi une dénonciation aussi tardive ? Les faits remontent en effet à plusieurs années : «Je pense justement que le système d’emprise nous a mis dans une forme d’isolement les unes par rapport aux autres», analyse-t-elle. Après tout un cheminement, la parole s'est libérée, les sœurs qui avaient pourtant quitté la congrégation se sont manifestées : «On a réussi à se retrouver ensemble, à renouer un dialogue, pour mettre des mots ensemble. C’est extraordinaire», se réjouit-elle.

 

Les sœurs demandent la création d'une commission indépendante pour permettre la reconnaissance de leurs souffrances. Cela dans le but de mieux identifier les dérives et d’envisager les contours d’une réparation. En outre, dans la déclaration, les responsables actuelles de l'institut demandent «pardon à toutes celles qui ont été victimes de ces abus, à leurs familles et proches». Une étape importante avant d’entamer un nouveau chemin de réforme pour éviter de nouvelles dérives. La congrégation veillera désormais à «un juste exercice de l’autorité», ainsi qu’à la formation continue et l’accompagnement spirituel et psychologique de chaque sœur (https://www.rcf.fr/articles/actualite/emprise-et-abus-les-soeurs-benedictines-du-sacrecoeur-demandent-pardon).

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Église, #Actualités

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