pensees de paroissiens progressistes

Publié le 31 Décembre 2023

Une nouvelle année va commencer. Le Conseil du Synode des évêques dans une déclaration publiée le 12 décembre 2023 demandera au pape François d'autoriser des études sur la nécessité de mettre à jour le droit, de réviser les règles de formation sacerdotale, d'approfondir une réflexion théologique sur le diaconat - y compris la possibilité d'ordonner les femmes diacres - et d'envisager de réviser un document qui fournisse des normes pour la relation d'un évêque avec les membres des ordres religieux dans son diocèse. Les groupes d'experts de tous les continents ainsi que les dicastères concernés de la Curie romaine et coordonnés par le Secrétariat général du Synode seront invités à travailler de manière synodale sur les sujets indiqués par le Saint-Père. Un rapport sur l'état d'avancement de ces travaux sera présenté à la deuxième session en octobre 2024. Les diocèses et les conférences des évêques du monde entier sont invités à s'engager dans d'autres consultations, en cherchant spécifiquement comment ils pourraient ou devraient instituer certaines des recommandations de l'assemblée du synode pour réunir un plus grand nombre de personnes dans la mission évangélisatrice de l'Église. Bien que les diocèses et les conférences des évêques nationaux ou régionaux ne soient pas demandés pour répéter les séances d'écoute qu'ils ont organisées d'octobre 2021 au printemps 2023, on leur demande de rassembler des personnes pour réfléchir sur le rapport de synthèse. En particulier, le conseil des synodes leur a demandé de discuter, "Comment pouvons-nous être une église synodale en mission?" Reconnaissant les limites de temps et de ressources, le Conseil a déclaré que la consultation qu'il espérait pour chaque diocèse varierait. Dans cette étape, en plus des organes participatifs au niveau diocésain et de l'équipe synodale déjà établie, il sera important d'impliquer des personnes et des groupes qui expriment une variété d'expériences, de compétences, de charismes, de ministères au sein du peuple de Dieu et dont le point de vue est particulièrement utile pour se concentrer sur le "comment", a-t-il déclaré. Le conseil a suggéré en particulier des curés de la paroisse, des catéchistes, des dirigeants de petites communautés chrétiennes, des religieux et des religieuses, des dirigeants d'écoles catholiques, d'universités, d'hôpitaux et de théologiens et d'avocats canoniques. Les diocèses sont invités à envoyer leurs réflexions à leurs conférences des évêques nationaux ou au synode catholique oriental des évêques, qui sont invités à soumettre un rapport de huit pages à la salle des synodes à Rome avant le 15 mai (https://www.ncronline.org/vatican/vatican-news/council-ask-pope-authorize-studies-key-synod-topics).

 

L’Église synode voulue par le pape François doit avant  tout réussir à se libérer du cléricalisme. Comme le signale Loïc de Kerimel dans En finir avec le cléricalisme en 2020 l’Église ne produit pas privilèges et abus comme n’importe quelle institution de pouvoir le fait; elle est fondée sur l’affirmation d’une différence essentielle entre une caste sacerdotale, sacrée, et le peuple des fidèles. Alors que Jésus dénonce le monopole des prêtres et de la hiérarchie lévitique du Temple dans l’accès au salut, l’Église chrétienne naissante se dote d’une organisation similaire. Alors même que le judaïsme naissant se convertit à une spiritualité sans prêtres ni sacrifices, l’Église donne au repas du Seigneur, l’eucharistie, une tournure sacrificielle. Or, c’est précisément autour du monopole sacerdotal, et masculin, de cette célébration que le cléricalisme a fait système et s’est installé dans l’histoire. Tenu à l’écart des réformes, il a généré les abus de pouvoir qui gangrènent l’Église aujourd’hui. Face à la crise que traverse une Église catholique affaiblie par la sécularisation, les scandales à répétition et nombre de bouleversements sociaux ou culturels, il n'est plus question de revenir à la chrétienté d'autrefois comme le souhaite les tenants du cléricalisme que sont les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond Leo Burke, Juan Sandoval Íñiguez, Robert Sarah et Joseph Zen Ze-kiun, auquel on peut ajouter Mgr Carlo Maria Viganò et Mgr Georg Gänswein.

 

Un problème majeur pour l’évolution au sein de l’Église vient du fait que dans une Europe sécularisée où les communautés chrétiennes sont marquées par une surreprésentation, en leur sein, des classes bourgeoises de tendance plutôt conservatrices dont le vote est plutôt marqué à droite comme le montre le premier tour de l’élection présidentielle de 2022, où l’électorat catholique répartit ses voix entre Emmanuel Macron (29%), Marine Le Pen (27%), Éric Zemmour (10%) et Valérie Pécresse (7%). Cette vision fermée et centrée sur le cléricalisme est visible à travers cette majorité de ces jeunes issue de catégories socio-professionnelles supérieures, dites "CSP +", venues aux JMJ de Lisbonne très pratiquants et en majorité conservateurs qui disent plutôt apprécier la messe en latin, se disent de droite et le vote à l’extrême droite ne semble pas les gêner, l’ouverture à plus de femmes dans l’Église n’a pas d’écho chez eux et une trop grande confiance aux évêque pour les réformes de l’Église et ne sont pas trop avec les orientations que donne l'actuel souverain pontife à l’Église (https://www.rcf.fr/articles/actualite/les-jmj-attirent-en-france-des-jeunes-catholiques-tres-pratiquants-et-plutot). Pour une réforme dans l’Église, il faut être conscient que cela va être difficile avec une surreprésentation des classes supérieures de tendance conservatrices.

 

L’Église est en crise : recul de la pratique, des vocations, de l'influence publique et culturelle. Pour sursoir à cela, l’Église doit accueillir les divorcés remariés, reconnaître les personnes homosexuelles, envisager – avant d'y surseoir – l'ordination d'hommes mariés, donner des ministères ordonnés aux femmes, réprimer les traditionalistes en les privant de l'ancienne liturgie, ou encore fraterniser avec l'islam. Elle doit aussi ouvrir la gouvernance de la communauté catholique, apanage des clercs, à tous les fidèles : à eux, désormais, de conduire l'Église, au pape de les servir. Pour y réussir, elle doit élever les pauvres, les exclus, les migrants; humilier l'argent et les puissants; museler la curie romaine en attaquant ses vieilles habitudes de pouvoir. L’Église doit donc tendre la main à tous, pleurer avec les éprouvés, chérir la sincérité, et vivre sa foi sans concession en communion intime avec le Christ. C’est cette vraie réforme tant spirituelle qu’organisationnelle qui mettra fin à la fin de la crise que nous connaissons.

 

Cependant, pour y arriver il faut en finir avec le dispositif de pouvoir strictement vertical, hiérarchique et mâle qui, désormais, ne peut plus fonctionner. Pour cela, il faut utiliser un modèle comme celui de Rutilio Grande à Aguilares, au Salvador, entre 1972 et 1977, où un élément essentiel de son projet pastoral était la participation active des fidèles. Le secret et la source du nouveau départ résidait dans les communautés de base qui lisaient la Bible ensemble. Il importait de mettre la parole de Dieu en lien avec la vie des gens. Rutilio Grande, avec son équipe pastorale, forma des hommes et des femmes pour qu’ils deviennent des Delegados de la palabra -des messagers de la Parole-, qui allèrent à leur tour fonder de nouveaux groupes. Aguilares se mit en mouvement. Lorsque les paysans examinaient leur situation dans cette optique, à la lumière de la Parole de Dieu, ils découvraient que la pauvreté et l’oppression sont des thèmes récurrents dans la Bible et que Dieu, par la parole des prophètes et la prédication de Jésus, prend parti pour les victimes. Ainsi, la foi prenait une dimension sociale et politique efficace. Grande encouragea les paysans à s’organiser en syndicats, à revendiquer leur droit à une vie digne et à des salaires équitables. D’autres prêtres suivirent cet exemple. Rutilio Grande  avait compris que les anciennes structures hiérarchiques de l’Église ont fait leur temps, et dans son projet d’une pastorale de la terre à Aguilares, Rutilio Grande avait déjà anticipé de nombreux éléments qui figurent actuellement dans les réformes souhaitées pour l’Église : le renouveau missionnaire, la participation des laïcs, le respect des traditions autochtones, la contribution prophétique de l’Église aux changements politiques et structurels (https://www.choisir.ch/religion/jesuites/item/4321-le-miracle-de-rutilio-grande).

 

En 1977, Rutilio Grande dans une prédication enflammée la finissait par une évocation du retour de Jésus à El Salvador : «J’ai bien peur, chers frères et amis, que la Bible et l’Évangile doivent faire halte à nos frontières parce que tout y est subversif… J’ai bien peur, frères et sœurs, que si Jésus de Nazareth revenait et, comme en ce temps-là, se rendait de Galilée en Judée, c’est-à-dire, et je puis dire, de Chalatenango à San Salvador, j’ai peur qu’avec sa prédication et son action, il n’arrive même pas jusqu’à Apopa. Je crois qu’on lui barrerait la route à la hauteur de Guazapa. Là, on l’arrêterait et on le jetterait en prison. On le traînerait devant les tribunaux pour délit contre la constitution, comme émeutier. L’homme-Dieu, prototype de l’humain, serait accusé comme révolutionnaire, juif étranger, intrigant, porteur d’idées exotiques contre la démocratie, c’est-à-dire contre la minorité. Ils l’accuseraient de penser en ennemi de Dieu, parce qu’ils sont des bandes de Caïns. Sans aucun doute, mes frères, ils le crucifieraient à nouveau.» (https://www.choisir.ch/religion/jesuites/item/4321-le-miracle-de-rutilio-grande).

 

Un propos tellement actuel quand on voit notre situation politique avec la montée de l’extrême droite. Geert Wilders est le nouvel homme fort des Pays-Bas. Le Parti de la liberté, islamophobe et anti-européen, a remporté les élections législatives néerlandaises, le mercredi 22 novembre. Avec Giorgia Meloni en Italie, Viktor Orban en Hongrie et Robert Fico en Slovaquie, désormais au pouvoir, l'extrême droite gagne du terrain en Europe. En France, où Marine Le Pen a été finaliste des deux dernières élections présidentielles, une récente enquête Ipsos place le Rassemblement national en tête pour les élections européennes, avec 29%. En Finlande, Lettonie ou encore Suède, les populistes sont membres d'une coalition gouvernementale ou la soutiennent. En Allemagne, dans les derniers sondages, le parti d'extrême droite AFD est le deuxième parti avec 21% d'intentions de vote. Heureusement, un revirement progressiste en Europe a toutefois été observé en Pologne. Après huit ans au pouvoir, la droite ultraconservatrice a été battue par l'opposition centriste. Mais le parti populiste reste très puissant en Pologne. Les élections européennes en juin 2024 permettront d'évaluer l'ampleur réelle de la montée de l'extrême droite en Europe. Cela s’explique par le fait que la droite européenne mène une stratégie qui lui a fait perdre du terrain celui d’adopter les thèmes de l’extrême droite, permettant de renforcer cette dernière (https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/europe-le-camp-populiste-d-extreme-droite-gagne-du-terrain-sur-le-vieux-continent_6202335.html).

 

En ces périodes de crise, l’Église doit avoir le courage de dire comme Mgr Marty aux prêtres en mai 1968, que les chrétiens aussi “contestent une société qui néglige les profondes aspirations des hommes”, et que «Dieu n’est pas conservateur. Le changement, la mutation ne sont pas a priori contraires à la volonté de Dieu. Dieu est pour la justice. Celui qui a faim et soif de justice ne peut accepter de voir durer les situations actuelles qui font violence aux faibles, écrasent la santé, la dignité, la liberté de millions d’hommes et de femmes, dans notre pays et plus encore dans le tiers-monde. Faute d’avoir été réalisées à temps, certaines réformes s’imposent brutalement. Elles ne sont pas pour cela nécessairement condamnables.» (https://doc-catho.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Documentation-catholique/Eglise-en-France/Mgr-Marty-pretres-mai-1968-chretiens-aussi-contestent-societe-neglige-profondes-aspirations-hommes-2018-12-03-1200987108).

 

Nous paroissiens progressistes en cette nouvelle année 2024 à venir nous n’avons pas peur de dire que l’Église doit faire plus de place aux laïcs et donner un rôle plus important aux femmes, écouter vraiment les jeunes, se débarrasser du cléricalisme, pouvoir avancer sans questions taboues, en mettant tout sur la table, être moins rigide, à l’écoute, en dialogue, au service des fidèles, moderne, engagée, ouverte à la diversité des points de vue. Nous demandons donc, une autre manière de faire Église. Une Église fraternelle, modeste, et proche.

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Publié le 30 Avril 2023

Aujourd’hui, nous avons 45 ans, et nous avons toujours notre esprit réformateur.

 

Épris de tolérance et de dialogue, nous dénonçons tous les fanatismes, et souhaitons un profond renouvellement de l’Église qui n’a pas peur des idées nouvelles, qui s’élève pour parler de la justice et de la fraternité au nom de l'Évangile, pour rappeler à ceux qui l'entoure que le message de Jésus de Nazareth peut se vivre au quotidien. Nous sommes pour une Église qui parle avec clarté et simplicité, s'adresse à tous, de façon sereine, qui reflète aussi le courage de faire face aux conflits, sans chercher à les esquiver. Il faut donc travailler pour adapter la vie et la mission de l'Église aux temps qui changent.

 

Et la décision papale d'accorder, pour la première fois, la voix et le vote, aux laïcs et aux laïcs, à l'Assemblée générale du Synode des évêques semble prendre cette voie comme le signale le président de l'épiscopat allemand, Georg Bätzing pour qui "la responsabilité dans l'Église catholique doit être partagée à l'avenir", alors que dans une position similaire à celle-ci, en tant que président de l'épiscopat, il a défendu cette proposition au sein de la voie synodale contestée par la curie romaine (https://www.religiondigital.org/mundo/Batzing-sinodo-voto-mujeres-laicos-camino-sinodal-papa-francisco-vaticano_0_2554844497.html).

 

Nous épousons le souhait du pape François en 2013 d'une "Église pour les pauvres" embrassant l'héritage de saint François d'Assise. Cette Église renonçant à ses privilèges, servant les pauvres, luttant pour la justice, secourant les êtres en souffrance, et coopérant plus qu’à diriger des fidèles passifs. Et nous soutenons aussi le processus synodal de l'Église mondiale qui «commence beaucoup plus loin et veut discuter de la manière dont une plus grande participation dans l'Église catholique est possible» comme le montre le théologien Thomas Söding qui a «beaucoup de respect pour l'effort avec lequel toutes les Églises catholiques locales ont été sondées» et le résultat démontre que les problèmes identifiés en Allemagne concernent «la gestion des abus sont des problèmes mondiaux de l'Église catholique - qu'il s'agisse du cléricalisme, des droits des femmes ou de l'exclusion de ceux qui vivent leur sexualité différemment de ce que l'Église enseigne actuellement. Il faut maintenant regarder devant et chercher des solutions» (https://www.katholisch.de/artikel/44818-theologe-soeding-es-mangelt-an-vertrauen-zwischen-rom-und-deutschland).

 

L’Allemagne devrait donc servir d’exemple puisque le chef par intérim du diocèse d'Osnabrück, l'évêque auxiliaire Johannes Wübbe, souhaiterait que le Vatican implique davantage les laïcs dans l'élection d'un évêque. Il regrette "que le Vatican n'approche pas actuellement les agences gouvernementales pour discuter avec elles de la possibilité d'une autre procédure" (https://www.katholisch.de/artikel/44806-osnabruecks-dioezesanadministrator-fuer-laienbeteiligung-bei-bischofswahl). Et aussi les associations de femmes catholiques et le Comité central des catholiques allemands (ZdK) qui exigent avec véhémence que les femmes aient accès aux offices ordonnés dans l'Église catholique, car comme l’a déclaré samedi la vice-présidente du ZdK, Birgit Mock, lors de l'événement central de la "Journée de la diaconesse" à Francfort-sur-le-Main. : "La question des droits humains de l'égalité des sexes s'applique également aux nominations" (https://www.katholisch.de/artikel/44819-zdk-vize-geschlechtergerechtigkeit-gilt-auch-fuer-berufungen).

 

Et il est bon que le pape François a lancé un appel à l’accueil des migrants lors d’une messe en plein air qui a réuni des dizaines de milliers s’élevant contre «les portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres». «Il est triste et douloureux de voir des portes fermées : les portes fermées de notre égoïsme envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés (...) les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté», a-t-il déploré. «S’il vous plaît, ouvrons les portes !», a lancé le pape, fervent défenseur des droits des réfugiés, devant des responsables politiques et religieux dont Viktor Orban. Le pape François a ainsi mis en garde contre la tendance à «se replier sur soi-même» et a insisté sur la «nécessité d’ouverture aux autres». Mais il aussi montré un geste politique lors d’un rendez-vous non annoncé dans son programme, puisque le pape François s’est entretenu samedi soir pendant une vingtaine de minutes avec le maire de Budapest, Gergely Karácsony, farouche opposant au Premier ministre (https://www.nouvelobs.com/monde/20230430.OBS72793/en-hongrie-le-pape-appelle-a-ouvrir-les-portes-aux-refugies.html).

 

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Publié le 31 Décembre 2022

Aujourd’hui, nous allons passer une nouvelle année. La crise des abus sexuels et spirituels révélés depuis une trentaine d’années fait vaciller l’Église catholique, et cela ne fait que continuer puisqu’en octobre l'ex-évêque de Créteil, Michel Santier a reconnu avoir demandé, dans les années 1990, à des jeunes hommes de se dénuder pour chaque péché avoué (https://www.slate.fr/story/235703/affaire-michel-santier-abus-sexuels-archeveque-eglise-catholique-bord-gouffre-confiance-chretiens), en novembre, le cardinal Jean-Pierre Ricard a reconnu avoir eu un « comportement répréhensible » à l’égard d’une jeune femme, mineure au moment des faits, qu’à Tarbes, un abbé a été interdit d’exercer, lundi 19 décembre, par le pape François et renvoyé de l’Etat clérical, alors que la justice a ouvert une enquête pour viol, et en Guyane, dont l’évêque émérite de Cayenne, Emmanuel Lafont, est, selon La Croix le 20 décembre, interdit de toute activité pastorale par le Vatican pour des faits présumés de «harcèlement moral» et «abus de confiance aggravé» pour traite d’être humain aggravée (https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/21/violences-sexuelles-ou-abus-dans-l-eglise-les-mots-en-debat_6155258_3224.html). À cela s’ajoute dans un rapport publié lundi 12 décembre, où ont peut voir des délais «incompréhensibles» dans le traitement de certains dossiers, manquements au «devoir de confidentialité»…,  que dénonce Me Marie-Christine Kirouack, médiatrice chargée du suivi des affaires d’abus sexuels dans le diocèse de Montréal (Québec), qui étrille des dysfonctionnements au sein de l’institution (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-diocese-Montreal-soupconne-dentraves-enquetes-2022-12-20-1201247401), alors que les accusations visant le prêtre-artiste slovène Marko Rupnik s’accumulent et posent question sur la manière dont son cas a été traité par le Vatican, ainsi que par la Compagnie de Jésus, l’ordre religieux auquel il appartient (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-questions-troublantes-posees-laffaire-Rupnik-2022-12-26-1201248087).  Et on peut comprendre qu’avec le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase)  en 2021 estimant le nombre de prêtres pédophiles à 3% qu’aujourd’hui, les gens considèrent «qu’envoyer leurs enfants au catéchisme peut être un danger», reconnaît Jean-Luc Pouthier. Le nombre de délits et de crimes a remonté ces derniers temps, continue-t-il. Mais ces scandales n’impactent pas de manière visible le nombre de fidèles de l’Église catholique, nuance-t-il. Le Covid aurait eu beaucoup plus d’effets sur la perte d’habitudes religieuses. Aussi, «un regain de la spiritualité chez les jeunes», notamment via les scouts, est constaté en ce moment, selon Odon Vallet. Face à ces révélations, le besoin de réforme se fait sentir dans l’Église, surtout en Allemagne. Des évêques y ont proposé de réfléchir au pouvoir dans l’exercice, la morale sexuelle et la place des femmes dans l’institution. Ce dernier point fait l’objet d’une infaillibilité pontificale – l’équivalent du 49.3 du pape, lance Renaud Blanc – depuis Jean-Paul II. «Là-dessus, pas possible d’envisager un retour en arrière du pape», précise Jean-Luc Pouthier. Cependant, «certains évêques allemands pourraient aller jusqu’à ordonner des femmes prêtres», d’après l’historien. Odon Vallet s’inquiète aussi du faible nombre de religieuses : «c’est effarant de voir les congrégations qui disparaissent, à tel point que certaines ne peuvent même plus entretenir les tombes» (https://www.radioclassique.fr/societe/noel-peu-de-francais-a-la-messe-de-minuit-mais-les-traditions-ne-sont-pas-negligees-assure-odon-vallet/).

 

Pourtant, le recul de la pratique, des vocations, de l'influence publique et culturelle montrent partout, en France, en Europe, sur les autres continents, l'inquiétude monte et devrait faire réagir l’institution. Il n’en est rien. Comme le montre Vers l’implosion ? : Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme de Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel en 2022, l’Église est très affaiblie par une sécularisation intense due aux changements sociétaux de la seconde moitié du XXe siècle, l’Église apparaît, faute de réformes conséquentes, de plus en plus expulsée de la culture commune, et délégitimée. Et cet effondrement sans précédent, est encore confirmé par l’épreuve des confinements liés au Covid-19. Certains y discernent l’entrée dans une sorte de stade terminal du catholicisme en quelques régions du monde. Pour les auteurs ce qui s’annonce, c’est un «catholicisme éclaté», où les liens affinitaires seront essentiels. Cette «Église catholique plurielle» ne signifie pas nécessairement sa fin, mais c’est un cataclysme pour une institution obsédée par l’unité. Nous ne sommes pas de cet avis dans ce blog, et nous mettons plutôt du côté de Charles Delhez avec son livre Église catholique. Renaître ou disparaître en 2022, où ce dernier lance un appel à l'institution comme à chacun à réagir sans tarder, les chrétiens redevenant le «petit troupeau» de l'évangile de Luc. Le «Je reste dans l’Église !» de Charles Delhez est une bonne chose, car on ne peut pas l’abandonner, et on doit donc mettre l’institution en phase avec l’évolution de nos sociétés afin de la débarrasser du cléricalisme, du dogmatisme, du moralisme et des abus. Il faut pour cela revenir aux propositions incontournables que sont des ministres élus, l’ordination d'hommes mariés, l’ordination des femmes et la révision de leur place dans l'Église, une considération différente de la sexualité, l’ouverture de tiers-lieux ecclésiaux (nouveaux lieux en marge des paroisses, accueillants pour tous, construits autour de propositions précises), et le dialogue avec les autres religions. De nombreux catholiques dont nous faisons partie ont une aspiration à des formes moins autoritaires et plus communautaires de la vie interne de l'Église, une considération attentive du monde et une ouverture œcuménique, mais ce réformisme ne semble pas pris en compte par la hiérarchie et les autorités romaines comme le montre les exemples –nord-américain, allemand et italien– où combien le cléricalisme est bien ancré, que ce soit dans les Églises locales (aux États-Unis, où les évêques nord-américains ont choisi l'archevêque aux Armées, Timothy Broglio, un évêque anti-François pour présider leur conférence, et en Italie, où l'évêque en charge des dossiers des agressions sexuelles, Lorenzo Ghizzoni, archevêque de Ravenne, s'en prenait vivement à la Commission indépendante sur les agressions sexuelles dans l'Église française, la Ciase, et à ses méthodes) ou à la Curie (concernant l'Allemagne, où elle ne veut pas entendre de réforme). Dans ces trois cas, des ecclésiastiques se comportent comme s'ils étaient les propriétaires de l'Église. Il n’y a rien à attendre d’une hiérarchie qui ne veut pas de réforme, alors il faut suivre l’exemple du combat des laïcs catholiques de la ville d’Osorno, qui refusent, en 2015, la nomination de Mgr Juan Barros comme évêque de leur diocèse, accusé d'avoir couvert un prêtre prédateur sexuel, Fernando Karadima, autour duquel s'est nouée pendant des années une extraordinaire collusion des pouvoirs, comme le montre l’excellent ouvrage de Régine et Guy Ringwald, La bataille d’Osorno – La résistance exemplaire de catholique chiliens face aux dérives du Vatican en 2020. Après avoir ostensiblement soutenu cet évêque, le pape François finit par céder aux contestataires en 2018. Des «croyants de base» ont réussi à organiser un contre-pouvoir qui a fini par gagner contre la Curie, grâce à cela des mouvements de laïcs se sont manifestés localement, et enfin des laïcs venant de tout le Chili même de l’étranger, se sont réunis dans un synode de leur propre initiative en 2019, où tirant le bilan de la résistance des laïcs d’Osorno, ils ont établis un autre projet : «Une autre Église est possible !», ce qui pourrait être une chance pour l’Église en changeant ses structures en la faisant devenir horizontale, diverse, participative et inclusive, où les laïcs soient réellement acteurs particulièrement les jeunes et les femmes, tout en éradiquant la culture d’abus de pouvoir, son fonctionnement avec la participation des laïcs à la prise de décision, et des femmes aux instances de responsabilité et de pouvoirs, et ses priorités en mettant en avant une Église servante et ouverte aux besoins des personnes et du monde. Leur diagnostic est clair, il n’y a rien à attendre de la hiérarchie. Ils ne demandent pas, ils font.

 

Le Vatican a présenté le document de travail pour la phase continentale du Synode mondial le 27 octobre 2022 et il traite des mêmes sujets que le chemin synodal allemand décrit comme la «dernière chance» pour le catholicisme de s’adapter à la modernité, qui en 2021 a proposé ordination des femmes à la prêtrise, le mariage des prêtres, et les bénédictions des couples de même sexe se faisant recadrer par Rome le 21 juillet 2022(https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/pourquoi-rome-met-un-coup-darret-au-chemin-synodal-allemand-83528.php), plus encore quand d’autres déclarations, plus récentes, avaient également porté sur une acceptation de l’avortement (https://www.cath.ch/newsf/le-saint-siege-recadre-fermement-le-chemin-synodal-allemand/). Entre autres choses, le document de travail de ce synode mondial mentionne également des demandes de réévaluation du rôle des femmes dans l'église et pointe la situation des personnes LGBTQ et des personnes en couple de même sexe. La publication a été précédée par des processus synodaux dans les différents diocèses du monde entier, dont les expériences, les questions et les rapports de problèmes ont été résumés par les conférences épiscopales et envoyés au Secrétariat général romain (https://www.katholisch.de/artikel/42595-gerber-themen-des-synodalen-wegs-sind-themen-der-kirche-weltweit). Cependant, le Peuple de Dieu ne veut plus que les réformes soit mises sous le boisseau. Et la papauté du pape François a montré de nombreuses déceptions de la part du peu de courage de la hiérarchie de l’Église. Lors du synode sur la famille en 2014 et 2015, les évêques ne sont pas arrivés à un consensus sur l'accueil dans l'Eglise des personnes en union libre, homosexuelles et divorcées, n’allant pas dans le sens du pape François qui avait souhaité que l'Église fasse son "aggiornamento" en remettant le mariage traditionnel à l'honneur mais aussi en se montrant plus bienveillante à l'égard tous ceux qui ne sont pas "en règle" (https://www.tf1info.fr/societe/synode-sur-la-famille-un-geste-pour-les-divorces-remaries-1534586.html, et https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/10/18/synode-sur-la-famille-rapport-final-approuve-pas-d-accord-sur-les-divorces-et-les-homosexuels_4508588_3224.html). Cependant, le pape François a prôné, dans son "exhortation apostolique" sur la famille en 2016, l'intégration dans l'Église des divorcés remariés, mais sans évoquer leur accès aux sacrements. Rien de nouveau en revanche sur les homosexuels (https://www.france24.com/fr/20160408-pape-francois-divorces-remaries-synode). Le synode sur les jeunes en 2018 avec cette assemblée internationale d’évêques, trop diverse, n’a livré quant à lui aucune proposition concrète admettent les participants. Il faut dire que le document final du «pré-synode», préparé par 300 jeunes du monde entier était bien plus ouvert que le document final. On remarqua l'absence d'engagement envers la tolérance zéro contre les abus sexuels. Il n'y avait pas non plus de mention du rôle des femmes dans le texte, qui avait été un thème clé de la réunion pré-synodale de mars 2018, ainsi que de la discussion synodale d'octobre 2018 (https://cruxnow.com/vatican/2019/04/02/pope-calls-abuse-crisis-a-scourge-in-youth-doc-omits-zero-tolerance). Le sigle LGBT, sur lequel les évêques africains ont mis une chape de plomb, avait déjà été fustigé en amont par un évêque américain conservateur. Sans surprise, il est absent du texte final (https://www.lematin.ch/story/l-eglise-catholique-a-la-peine-avec-les-jeunes-600788088706). Le pape dans son exhortation apostolique en 2019 a appelé ses fidèles à reconnaître la domination masculine et les violences sexuelles infligées aux femmes et aux enfants qui jalonnent son histoire, tout en reconnaissant que les jeunes femmes estiment qu’elles ont besoin de plus d’exemples de leadership féminin au sein de l’Église et en parlant d'une Église engagée "contre toute discrimination et toute violence liées à l'orientation sexuelle". À la conclusion du synode, l’Église est demeurée divisée face à l’urgence d’agir face aux scandales d’abus sexuels. Mais, le pape a tranché et il a organisé un sommet sur la pédophilie au sein du clergé qui a toutefois accouché d’une souris (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1161962/eglise-vatican-pape-synode-jeunes-exhortation). Et lors du Synode sur l’Amazonie en 2019, une série de propositions a été proposée au pape François, bien décidé à ouvrir "de nouvelles voies" à l’Église catholique en Amazonie. Parmi ces propositions, l’ouverture de la prêtrise aux hommes mariés et la possibilité pour les femmes de devenir diacres (https://information.tv5monde.com/info/synode-sur-l-amazonie-de-grands-changements-pour-l-eglise-catholique-329018). Cependant le pape dans son exhortation apostolique en 2020 n’en appelle cependant pas à ordonner des hommes mariés, et n’envisage pas non plus d’ordonner des femmes au sacerdoce ou au diaconat (https://www.cathobel.be/2020/02/exhortation-sur-lamazonie-les-quatre-reves-du-pape-francois/).

 

Un pape qui veut des réformes, une hiérarchie qui n’en veut pas. Et les fidèles qui doivent attendre le bon vouloir de ceux-ci. C’est devenu intenable face aux abus sexuels, la fréquentation des messes en baisse, et la crise des vocations. Il s’arracher à l’abattement ambiant et faire quelque chose. Il faut agir, s’engager, et rejoindre des actions collectives comme Agir Pour Notre Église, des mouvements comme la CCBF, Nous Sommes Aussi l’Église, le Comité de la Jupe, etc. La créativité, est alors une impérieuse nécessité. La crise de l’Église nous oblige à la mission prioritaire de secouer l’apathie ambiante, de mobiliser et de conquérir des couches toujours plus larges du Peuple de Dieu. Pour changer les pratiques de l’Église, une désobéissance bien plus vaste et en constante extension est nécessaire. Sans oublier la préparation des modalités d’installation d’une nouvelle organisation de l’Église reposant sur les évangiles et sur la Tradition débarrassée du cléricalisme. Et cette nouvelle organisation peut prendre l’image que lui a donnée le Secrétaire général du Synode des évêques, le cardinal Mario Grech en 2020, celle de l’Église domestique, «une Église-famille composée d’un certain nombre de familles-Église». «La grande Église communautaire est composée de petites Églises qui se rassemblent dans des maisons.» «Au cours des deux premiers siècles, l’Église se réunissait toujours dans la maison familiale.» Il reconnaît que dans cette Église domestique, les «ministres du culte» sont «les parents qui, pendant la liturgie domestique, rompent le pain de la Parole, prient avec elle et transmettent la foi à leurs enfants». Enfin, pour le cardinal Grech, une option pour des églises domestiques ne signifie pas pour autant la liquidation des paroisses : «La liturgie familiale elle-même initie les membres à participer plus activement et consciemment à la liturgie de la communauté paroissiale.» Et «Dans le cadre d’une Église synodale qui marche ensemble avec les hommes et les femmes et participe aux travaux de l’histoire, nous devons cultiver le rêve de redécouvrir la dignité inviolable des peuples et la fonction de service de l’autorité. Cela nous aidera à vivre d’une façon plus fraternelle…» (https://nsae.fr/2020/12/20/cardinal-mario-grech-la-bonne-nouvelle-synodale/). Marie-Françoise Baslez avec plus de précision nous montre dans L’Église à la maison. Histoire des premières communautés chrétiennes. Ier-IIIe siècle en 2021 que le fait que durant presque trois siècles les chrétiens se sont réunis pour le culte dans des maisons particulières ne saurait être oublié puisqu’ils étaient aussi des petits laboratoires où s’est expérimentée peu à peu l’organisation de la vie des premiers chrétiens, cette configuration a permis autant un réel brassage social, avec la participation des esclaves, qu’une émancipation non négligeable des femmes, qu’elles soient mariées ou bien vierges ou veuves, qui ont pu faire partie du collège de diacres, de presbytres et d’épiscopes tous mariés, et dont l’effacement remonte à la fin du 2e siècle et au début du 3e, avec la disparition progressive des Églises de maisonnée et l’intégration progressive du culte dans l’espace public, tout en fonctionnant plutôt en réseaux, au maillage souple qui pouvait être étendu, où l’échange épistolaire (avec lesquels l’évêque d’une grande ville s’efforce d’établir son autorité sur les territoires voisins et les Églises rurales par des visites pastorales) entre elles fut décisif pour leur développement en la mise en place d’Églises-sœurs fonctionnant de façon synodale, dont les synodes à la fin du 2e s. en sont l’aboutissement de la structuration des Églises en réseaux dans lesquelles se développaient plus l’idée de service que celle de la domination valorisant davantage l’amour fraternel au sein de la communauté où c’est sur la personne que l’accent est mis, davantage que sur le statut, et cela peut certainement inspirer les chrétiens d’aujourd’hui dans leurs manières de concevoir et de vivre l’Église

 

Nous paroissiens progressistes en cette année à venir nous continueront à contester ces réflexes centralisateurs au sein de l’Église catholique, et opteront toujours pour qu’elle ne reste indifférente au «choix préférentiel des pauvres», et pour rappeler que le message de Jésus de Nazareth peut se vivre au quotidien.

 

Bonne année à tous !

 

Alexandre et Raphaël Casimiro

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens progressistes

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Publié le 25 Février 2022

Né le 30 avril 1978, mon enfance et mon adolescence ont vu trois papes : Paul VI  (entre avril et août) et Jean-Paul 1er (en août) qui ne dura que 33 jours en 1978, dont je n’ai pas de souvenir, Jean-Paul II qui sous ses atours modernes n’avait que peu d’attrait pour un jeune des années 1980-1990 avec sa pensée réactionnaire, et finalement Benoît XVI qui  au moment où j’étais adulte s’est avéré décevant, mal entouré et n’a jamais su dépasser la pensée réactionnaire de son prédécesseur. J’ai eu le malheur de vivre cette restauration catholique faite par Jean-Paul II et continuée par Benoît XVI pendant mon enfance, mon adolescence et au commencement de mon âge adulte. Le fait que rien ne m’attirait dans ces pontificats vient du fait que je viens des classes populaires, né de parents portugais ayant fuit la dictature salazariste au Portugal, et de tendance ouvrière (père dans le bâtiment, et mère ouvrière textile avant de nous élever en devenant un mère au foyer), ma lecture des évangiles est totalement en désaccord avec ces pontificats. Car le Jésus qu’ils donnaient était terriblement fade et sans saveur. Plutôt que d’être de droite comme beaucoup de pratiquants actuellement, la lecture des évangiles m’a fait devenir de gauche.

 

Et cela s’explique pour une bonne raison, le Jésus que j’ai connu dans mon enfance et adolescence, et au début de mon âge adulte, nous montre qu’il est possible de «rétablir plus d’égalité réelle entre les humains, à redistribuer les biens, à combattre la pauvreté», et de ce fait, il est «profondément révolutionnaire», non pas dans un sens strictement politique, mais dans la mesure où sa doctrine représente « l’exact contre-pied de ce que l’on nous propose généralement pour être heureux». Jésus incarne la liberté absolue devant les pouvoirs et les peurs, s’adresse à tous mais en donnant la priorité à «ceux et celles qui sont déconsidérés dans sa société», fait de la pauvreté (et non de la misère) une richesse, «car elle met l’accent sur l’essentiel», place le partage au-dessus de la propriété, refuse la violence dans les rapports humains, professe la dignité de chaque personne et prêche par l’exemple, comme le montre l’histoire de sa vie. Il opère bel et bien «un renversement des valeurs» et que, par conséquent, l’option préférentielle pour les pauvres prônée par le christianisme social est parfaitement légitime. Sa révolution est intérieure et demande le détachement «à l’égard des biens temporels, la dépossession de soi, loin de la cupidité de notre société» (https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/458643/jesus-est-il-de-gauche). Enfin, pour Jésus, parler du Règne de Dieu, c’était parler de la vie et de la dignité des êtres humains. C’est pourquoi sa façon de prêcher était de «guérir toutes les maladies et les souffrances du peuple» (Matthieu 4,23), c’est-à-dire de rendre vie à ceux dont l’existence était menacée. Et lorsqu’il envoya les Douze annoncer le message à leur tour, ceux-ci le firent «en chassant des démons et guérissant des malades» (Marc 6,13). Pour Jésus, la venue du Règne de Dieu n’était concevable que si l’on se préoccupait de la souffrance humaine. Cependant il ne l’a pas fait pour convertir les gens, mais parce qu’il les aimait. Tel fut le groupe «de résistance au mal» que Jésus fonda. Un mouvement d’hommes et de femmes qui se souciaient des besoins du prochain (Matthieu 25,31-46), un groupe qui agissait et luttait pour que la société devienne plus humaine et plus fraternelle (https://www.choisir.ch/religion/bible/item/3357-quelles-revoltes-politiques-jesus-a-t-il-connues). Malheureusement, c’est d’ailleurs au moment de la conversion de l’Empire que le christianisme a pivoté vers la droite : de marginal et de subversif, le message du Galiléen devenait central et normatif. L’Église «universelle» («catholique») s’est douillettement lovée dans les structures et les cadres de l’Empire romain, pour devenir une religion d’État peu portée sur la tolérance. Le christianisme, de religion de gueux, est devenu alors  une religion de puissants, tout en se divisant (multiples foyers dissidents, dits «hérétiques») et en se scindant (schismes divers, en Orient en 1054, en Occident en 1517-1521), mais en restant du bon côté du manche (en gros, celui des riches et du pouvoir, exception faite de celles et ceux qui allaient chercher leur salut dans le soin apporté aux lépreux). Aujourd’hui, l’image du christianisme donne raison à la parabole du Grand Inquisiteur que Dostoïevski imagine : le Christ serait renvoyé sur la croix séance tenante (https://www.liberation.fr/debats/2020/01/08/jesus-est-il-de-droite-ou-de-gauche_1771983/). On est très loin, de Jésus qui disait à ses disciples de ne pas être comme les Romains qui gouvernaient les peuples en «seigneurs absolus» et les «opprimant sous leurs pouvoirs» (José Antonio Pagola, Jésus – Approche historique, Cerf, 2007). L’Église en soutenant les puissants s’est éloigné de l'enseignement social le plus cohérent du Nouveau Testament qui est que les chrétiens doivent soutenir les pauvres, les veuves et les orphelins (https://www.contrepoints.org/2018/03/31/313004-jesus-christ-a-t-il-ete-crucifie-pour-des-raisons-politiques).

 

Et ce Jésus rebelle et contestataire m’a mené vers les catholiques de gauche, bien plus exaltant que ceux de droite dans ma vision actuelle de l’Église. Contre une Église catholique jusque-là massivement portée à droite et une Église protestante embourgeoisée, ils voulaient, au nom de leur foi, s’engager dans la Cité et peser sur la politique tout en changeant le visage de leurs Églises. Décolonisation, syndicalisme, autogestion, féminisme, tiers-mondisme… : ils ont été de toutes les luttes, et souvent même à l’avant-garde de la contestation marqués par les espoirs d’ouverture de l’Église au monde, suscités par Vatican II (1962-1965) après la condamnation en 1955 de l’expérience des prêtres-ouvriers, par les luttes anticoloniales de la guerre d’Algérie (1954-1962) et le tiers-mondisme, par un socialisme antistalinien, démocratique et autogestionnaire. Beaucoup engagèrent un dialogue exigeant avec la tradition marxiste. Après le concile Vatican II, réveillant la doctrine sociale, et Mai 68 soutenu par Michel de Certeau, et des étudiants et dominicains du Saulchoir, certains furent même tentés par la révolution dans la société et dans leurs Églises comme Pierre Chaulet, ce médecin, chrétien de gauche, qui rejoignit tôt le FLN et vécut en Algérie jusqu’au début des années 1990, culminant dans les luttes de Lip et du Larzac en 1973. Leur contribution à la rénovation de la gauche socialiste pour laquelle ils ont fortement contribué au PS, au PSU, à la Cfdt créée en 1965, et se mobilisèrent magnifiquement sur les questions démocratiques et antitotalitaires lors du soutien à Solidarnosc en Pologne, puis à l’élection de François Mitterrand en 1981 fut ensuite décisive. La période de restauration sous Jean-Paul II puis Benoît XVI aurait pu sonner le glas des cathos de gauche, mais il n’en est rien, car formés comme leurs aînés dans le monde associatif, en prise avec les droits humains et la justice sociale (ATD Quart Monde, CCFD-Terre solidaire), les Marches pour le climat, le scoutisme ou les groupes de parole de leurs paroisses, les néocathos de gauche entendent bien transformer radicalement la société (Denis Pelletier, et Jean-Louis Schlegel, À la gauche du Christ : Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours, Seuil, 2012, https://esprit.presse.fr/article/jean-claude-eslin-et-jean-pierre-peyroulou/que-reste-t-il-des-chretiens-de-gauche-37252, et https://www.lavie.fr/actualite/societe/quand-la-generation-laudato-si-revivifie-le-paysage-politique-francais-71969.php). Ils sont regonflés par le message d'ouverture du pape François et ses prises de position sur l'écologie, les inégalités, les réfugiés (https://www.challenges.fr/societe/presumes-moribonds-les-cathos-de-gauche-bougent-encore_504747).

 

La théologie de la libération  a eu également un rôle important dans mon choix d’être à gauche avec sa vision du Jésus libérateur. Fondée sur la réflexion théologique progressiste en Europe mise en valeur par le concile Vatican II, la théologie de la libération que  l'on doit au Péruvien Gustavo Guttierez et au Brésilien Leonardo Boff, a échappé au pouvoir central de l’Église dans un grand esprit de renouveau, qui n’a pas concerné que l’Amérique latine. Son principe central, l’«option préférentielle pour les pauvres» proclamée lors de l’assemblée des évêques latino-américains (CELAM) de Medellin en 1968, a été élargi à tous les opprimés, indigènes, Afro-Américains, femmes… Il ne s’agit pas de faire «pour» les pauvres, mais avec eux, en s’appuyant sur les communautés ecclésiales de base, qui regroupent d’abord mais non exclusivement les chrétiens d’un quartier. Vivant le partage des responsabilités, ils élisent leur responsable, ce qui remet en question l’ordre vertical de l’institution amenant la construction d'une Eglise autogérée, partant de la base. Ce dévouement envers les pauvres a dans un premier temps enthousiasmé Rome, sous Paul VI (1963-1978), qui a désigné des prêtres progressistes dans la région. De très nombreux religieux, des prêtres, prirent fait et cause pour les classes paupérisées, n’hésitant pas à joindre des mouvements sociaux et politiques. Maints leaders populaires issus de conditions modestes, comme l’ancien président Lula au Brésil, ont été formés par les théologiens de la libération. Au Brésil, au Chili, au Pérou, en Amérique centrale, mais aussi en Argentine, ces chrétiens de la libération rejoignirent aussi les mouvements de la résistance contre les juntes militaires au pouvoir dans les années 70 et 80. Plusieurs évêques devinrent des héros populaires comme Dom Helder Camara (1909-1999), l’archevêque d’Olinda et de Recife au Brésil, et le salvadorien Oscar Romero, né en 1917, assassiné en pleine messe le 24 mars 1980 pour avoir dénoncé la répression de l’armée et l’oligarchie au pouvoir. Cette théologie, qui fut ensuite présentée comme une dangereuse révolution communiste, faisant trembler les pouvoirs, surtout lorsque ses porte-étendard avaient la force et le prestige d'un Camara, a rencontré l’opposition du tandem formé par le pape Jean Paul II (de 1978 à 2005) et le cardinal Ratzinger (qui lui succéda), appuyé par les pouvoirs conservateurs occidentaux, qui a condamné et rétrogradé plusieurs théologiens de la libération pour leur engagement politique comme le prêtres ministres nicaraguayens en 1983, à qui s’ajoutèrent Leonardo Boff en 1985 et Jon Sobrino en 2007. Mais cette opposition à la théologie de la libération n’avait rien de noble, car elle  favorisait la lutte des classes et pouvait rebuter les fidèles de secteurs plus aisés (https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/le-pape-franccedilois-est-il-un-theacuteologien-de-la-libeacuteration-30349.php, https://www.lepoint.fr/societe/la-theologie-de-la-liberation-de-nouveau-en-odeur-de-saintete-19-07-2013-1706397_23.php, et https://www.monde-diplomatique.fr/2017/10/LOMBARD/58034).

 

Je ne me sens nullement proche de mouvements comme les Éveilleurs, une association née sous le giron de la Manif pour tous, de Jean-Frédéric ­Poisson, dirigeant de VIA - la voie du peuple (ex-Parti chrétien-démocrate), de Laurence ­Trochu, présidente du Mouvement conservateur (anciennement Sens commun), et de la bourgeoisie catholique qui sont allés vers Zemmour, dont l’homme qui assure sa sécurité, Albéric Dumont, porte-parole officiel de la Manif pour tous, car il défend les valeurs familiales conservatrices et souhaitent qu’il reviennent sur l’ouverture de la PMA, qui profite d’un électorat orphelin de François Fillon, candidat malheureux à la présidentielle de 2017, en insistant sur le conservatisme sociétal (droit à l’avortement, place des femmes et des minorités, droits LGBT…), l’Islam et l’immigration (https://www.lavie.fr/actualite/societe/mais-qui-sont-ces-catholiques-qui-suivent-eric-zemmour-78654.php). Catholique de gauche, je ne suis pas convaincu par Christiane Taubira qui se pose comme la figure providentielle du rassemblement sans pour autant proposer de mesures qui la démarquent, surtout qu’elle arrive beaucoup trop tard pour convaincre. Mais, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, ou Anne Hidalgo n’acceptent pas de la suivre, car les autres candidats, peuvent répondre à l’un des enjeux, mais pas à leur ensemble. Anne Hidalgo s’est emparée de la justice et juge elle a la "capacité de rassembler une majorité de Français" pour permettre de conduire la gauche "au pouvoir et au gouvernement" (https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/je-suis-cette-gauche-la-hidalgo-repond-a-royal-sur-le-vote-utile-pour-la-presidentielle_AD-202202200054.html), mais une partie de ses électeurs soutient le président sortant, l’autre penche vers la radicalité, Yannick Jadot du progrès pour les communs, prétend porter les couleurs d’une écologie de gouvernement en lieu et place d’une social-démocratie en perdition,  mais son assise est trop faible pour prétendre l’emporter, et il a tenté de convaincre le vendredi 18 février à Tours  une centaine de militants, sympathisants et curieux, qu'il est le seul candidat à pouvoir répondre aux enjeux actuels que Nucléaire, pouvoir d'achat, logement, inégalités ou alimentation bio (https://www.francebleu.fr/infos/politique/en-meeting-a-tours-le-candidat-des-verts-yannick-jadot-veut-convaincre-au-dela-de-l-ecologie-1645233055), Jean-Luc Mélenchon de la lutte contre les inégalités, mais sa détestation des socialistes, combinée à son comportement erratique, l’empêche d’être l’homme du rassemblement, même s’il est en tête à gauche selon les sondages ne veut pas appeler Hidalgo et Taubira pour leur demander leur retrait (https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/en-direct-melenchon-macron-pecresse-le-pen-zemmour-suivez-l-actualite-de-la-presidentielle_LN-202202170078.html), et le but de la Primaire populaire était justement de réunir autour d’un programme commun et non d’une personnalité, mais Taubira se pose en femme providentielle sans avoir vraiment de propositions de fond, ni d’équipe, de structure, et seuls 86 élus ont d’ores et déjà envoyé leurs parrainages en sa faveur, et  le candidat communiste Fabien Roussel gagne en popularité ces dernières semaines, car il s’appuie sur ses déclarations à répétition concernant la "gastronomie française", "le bon vin", "la bonne viande" (https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-le-candidat-communiste-fabien-roussel-a-t-il-ete-un-assistant-parlementaire-fantome, et https://www.nouvelobs.com/politique/20220220.OBS54726/christiane-taubira-un-petit-tour-et-puis-s-en-va.html). Cela s’explique par le fait que la gauche refuse de faire le bilan du quinquennat Hollande pour pouvoir prétendre conduire un équipage solide pour un rassemblement. Sa crédibilité a été sérieusement écornée entre 2012 et 2017, car la gauche au pouvoir est passé d’un simple réalisme, relayé par les réformes «sociétales» mais amputé de l'inventivité sociale (https://www.lavie.fr/actualite/societe/comment-expliquer-la-desaffection-des-chretiens-de-gauche-envers-christiane-taubira-80478.php, https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/31/apres-la-primaire-populaire-la-gauche-dans-l-impasse_6111681_3232.html, et https://www.liberation.fr/debats/2018/09/04/pierre-rosanvallon-le-grand-recit-de-la-gauche_1676549/).  

 

Je regarde avec tristesse ce PS déboussolé à travers Ségolène Royal qui a brisé un tabou en affirmant que «le vote utile à gauche, c'est Jean-Luc Mélenchon», mais c’est n’est pas un bon guide politique puisqu’elle disait qu'elle pourrait soutenir (la candidate LR) Valérie Pécresse, il y a cinq ans elle a soutenu dès le premier tour Emmanuel Macron, il y a trois ans elle voulait conduire une liste aux européennes avec (le candidat écologiste) Yannick Jadot (https://www.france24.com/fr/france/20220217-pr%C3%A9sidentielle-le-vote-utile-%C3%A0-gauche-c-est-m%C3%A9lenchon-affirme-s%C3%A9gol%C3%A8ne-royal), et ses membre à la droite du PS qui se rallient à Emmanuel Macron comme Eduardo Rihan Cypel, Marisol Touraine et Elisabeth Guigou (https://www.huffingtonpost.fr/entry/presidentielle-2022-marisol-touraine-rallie-emmanuel-macron_fr_62112f9ee4b0f2c343f52616) qui s’accommodent volontiers des sorties du président de la République sur «ceux qui ne sont rien» ou le « pognon de dingue » dépensé dans les minima sociaux et la suppression de l’ISF, ordonnances travail, réforme de l’assurance chômage, ou encore loi sécurité globale ne  les ont pas échaudé (https://www.marianne.net/politique/gauche/touraine-rebsamen-guigou-bartolone-la-jambe-gauche-claquee-de-la-macronie). Ce qui pousse la présidente socialiste de la Région Occitanie et soutien d'Anne Hidalgo, Carole Delga, a se désoler du «bal des opportunistes» qui rythme la campagne présidentielle et appelle la France à «redevenir le pays des idées et non celui de cette mauvaise télé-réalité» (https://www.lejdd.fr/Politique/presidentielle-la-ps-carole-delga-deplore-un-debat-escamote-par-les-ralliements-opportunistes-4094790). Tandis que Place publique, co-fondé par l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, ne soutiendra aucun candidat de gauche à la présidentielle, position prise après un vote interne (https://www.sudouest.fr/elections/presidentielle/presidentielle-le-mouvement-de-raphael-glucksmann-place-publique-ne-soutiendra-aucun-candidat-8972844.php). Cependant, le ministre des Affaires étrangères et ex-responsable socialiste Jean-Yves Le Drian va un peu trop vite en estimant le vendredi 18 février que le PS était moribond et proche de «l'enterrement» (https://www.lefigaro.fr/politique/le-ps-plus-pres-de-l-enterrement-que-de-la-resurrection-selon-jean-yves-le-drian-20220218), et si son aile droite rejoint Emmanuel Macron, cela lui permettra une réelle rénovation comme en 1971 quand la vieille SFIO de Guy Mollet, mouillée dans les affres de la guerre d'Algérie, s'est résignée à sa propre rénovation à tâtons et changée en Nouveau Parti socialiste (NPS), dirigé par Alain Savary, mais le souvenir du molletisme plombait l'essor de la maison rénovée des socialistes, et il a fallu un vrai renouveau du P.S. avec l’arrivée de François Mitterrand à sa tête, favorable à «l’union de la gauche» avec le puissant Parti communiste, en prend le contrôle grâce au ralliement de l’aile gauche menée par Jean-Pierre Chevènement et à l’appui des barons fédéraux, le marseillais Gaston Defferre et le lillois Pierre Mauroy (https://www.la-croix.com/Actualite/France/D-Epinay-a-Reims-les-grandes-heures-des-congres-socialistes-2015-06-06-1320517), comme semble le prévoir des socialistes, dont Jean-Christophe Cambadélis, qui se sont réunis le samedi 29 janvier à Saint-Ouen, non pas pour interférer sur la présidentielle mais pour commencer un travail de réflexion pour la suite. Un travail qui, regrettent-ils, n’a pas été mené par la direction actuelle (https://www.leparisien.fr/politique/au-ps-le-pole-socio-democrate-prepare-deja-lapres-presidentielle-28-01-2022-64UYBJDHTZGGFBKSS3GNPJQKEY.php). 

 

Et il est dommage pour moi qu’est finie cette une époque où le Vatican admet, pour la première fois, que le socialisme est compatible avec la foi chrétienne (Lettre de Paul VI au cardinal Roy en 1971). Où les évêques français, en 1972, reconnaissent la légitimité du pluralisme politique et électoral de leurs fidèles. Où des régions de forte tradition chrétienne (Bretagne, Massif central, sud de l’Alsace) basculent à gauche. Où la «main tendue» aux chrétiens par le parti communiste ou la CGT trouve du répondant. Où prospèrent des «communautés chrétiennes de base», insoumises à la hiérarchie, ou des journaux (Témoignage chrétien, La Vie) défendant des options progressistes, tiers-mondistes, anticapitalistes ou des «théologiens de la libération» en Amérique latine. Pour eux, le combat pour une gauche sociale et politique non marxiste ne se différencie pas de la lutte menée à l’intérieur de l’Église pour son adaptation à la société moderne et son engagement auprès des plus défavorisés. Dans son livre-référence, La Crise catholique (Payot, 2002), l’historien Denis Pelletier décrit et souligne la contribution spécifique des chrétiens à «cette nébuleuse qui va alors de la gauche au gauchisme», pour qui «Marx voisine avec l’Évangile» et «la Révolution se joue tout à la fois dans l’Église et dans la société» (http://www.slate.fr/story/120715/michel-rocard-chretiens-de-gauche). Finalement, les évêques de France n’ont plus le courage d’appeler à voter contre l’extrême droite comme au second tour de la présidentielle comme en 2002, ou à voter contre Zemmour et Marine Le Pen actuellement. Ceux-ci sont depuis longtemps choisis dans les rangs conservateurs qui ont appuyé la centralisation romaine menée par Jean-Paul II et Benoît XVI dans laquelle l'inégalité de pouvoir entre femmes et hommes perdure, les signes extérieurs "rétro", l'apparat et un fonctionnement digne d'une monarchie absolue dominent encore, tout comme le rigorisme, en matière de morale sexuelle et conjugale, et de bioéthique, et se détournent des cathos de gauche qui souhaitaient rapprocher l'Église et le monde (https://www.telerama.fr/idees/cathos-de-gauche-la-messe-est-dite,86822.php). Et les cathos de gauche se retrouvent dans le pape François dans sa critique sans relâche le capitalisme contemporain,  sur le fait qu’il est l’un des défenseurs de l’environnement les plus en vue au monde,  que sur la question des homosexuels, sa formule «Qui suis-je pour juger?» est devenue «culte», qu’il a en outre vivement critiqué Donald Trump pour son projet de mur frontalier, qualifiant les politiques d’immigration de l’ancien président de «cruelles», entamé une rupture avec ses prédécesseurs en révisant l’enseignement de l’Eglise sur la peine capitale, rappelant qu’elle est «une attaque inadmissible contre l’inviolabilité et la dignité de la personne», et il a de plus clairement indiqué qu’il soutenait les soins de santé universels, il a aussi ouvert la porte à une accession des femmes au diaconat, et au début de son pontificat, il déclara que les catholiques ne pouvaient pas «insister uniquement sur les questions liées à l’avortement, au mariage gay et à l’utilisation de méthodes contraceptives», mais nous ne sommes pas naïf car nous savons que le pape est farouchement opposé aux études de genre et la chirurgie de réassignation sexuelle, a réaffirmé l’enseignement du pape Jean Paul II selon lequel l’Église n’a pas l’autorité d’ordonner des femmes, et il a maintenu dans ses encycliques que les hommes et les femmes ont des rôles et des caractéristiques distincts, et sous son pontificat, la Congrégation pour la doctrine de la foi a en outre décrété que les prêtres ne pouvaient pas bénir les couples de même sexe (https://www.cath.ch/newsf/le-pape-francois-nest-pas-un-progressiste-ni-un-conservateur/).

 

Cependant, c’est la meilleure période pour les cathos de gauche comme nous, et plutôt que d’aller vers Emmanuel Macron, dont l’historien Pierre Serna dans son essai incisif L'extrême centre ou le poison français. 1789-2019 montre qu’il s'inscrit selon lui parfaitement dans ce qu'il appelle un «poison», celui de «l'extrême centre»: «Flexible, prétendu modéré mais implacable qui vide de sa substance démocratique la République en la faisant irrémédiablement basculer vers la république autoritaire.», ce que semble démontrer le fait que député La République en marche (LRM), et le vice-président de l’Assemblée nationale, Hugues Ranson a mis en avant «ses doutes» et a annoncé, mercredi 16 février 2022, ne pas vouloir se représenter lors des prochaines législatives, mettant en avant ses critiques face au projet de la majorité comme sur le rôle du Parlement (https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/02/17/legislatives-hugues-renson-figure-lrm-de-l-assemblee-ne-se-represente-pas-mettant-en-avant-ses-doutes_6114046_823448.html), il serait donc grand temps de refonder la gauche sur ce qu’elle est vraiment une rupture politique, car comme l’avait dit Mitterrand au congrès d'Epinay de 1971, qui allait sceller son hégémonie sur le PS et l'Union de la gauche : "Celui qui n'accepte pas la rupture avec l'ordre établi, avec la société capitaliste. Celui-là, je le dis, ne peut pas être adhérent du Parti socialiste" (https://www.franceculture.fr/politique/quand-mitterrand-disait-celui-qui-naccepte-pas-la-rupture-avec-la-societe-capitaliste-ne). Cette gauche devrait arrêter de suivre la droite et l’extrême droite, et doit être comme dans les années 1980 au diapason des mouvements de la société, dans des grandes mobilisations populaires, dans des lieux symboliques de la capitale, et appuyer une série de réformes qui changeront profondément le visage de la France comme entre 1981 et 1982 comme l’abolition de la peine de mort, retraite à 60 ans, la hausse du smic, la cinquième semaine de congés payés, la création de l’impôt sur la fortune, la dépénalisation de l’homosexualité, nationalisation des grandes entreprises publiques stratégiques, ou la libération des ondes de la radio et de la télévision (https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-tout-com/la-disparition-un-documentaire-sur-la-chute-du-ps-en-pleine-campagne-presidentielle_4917255.html, et https://www.ladepeche.fr/2021/05/10/le-ps-32-et-lesprit-de-mai-1981-9536026.php), et c’est aussi aux cathos de gauche qui s'identifient aisément à la social-démocratie, et qui «préfèrent généralement l'absence de hiérarchie au profit de l'horizontalisation des relations, sans classement de valeur sur l'échelle sociale, et défendent les minorités. Selon eux, personne n'est supérieur à personne. L'essentiel est de lutter contre des inégalités socialement injustes» de devoir bouger les lignes pour que la gauche retrouve ses couleurs comme dans les années 1970 et 1980 (http://www.slate.fr/story/223383/vote-catholique-election-presidentielle-2022-macro-pecresse-zemmour-lepen).

 

Et ils devraient proposer un monde sans pauvreté comme le souhaite l'historien et journaliste Rutger Bregman qui affirme dans Utopies réalistes que l'instauration d'un revenu minimum garanti, avec lequel les gens dont le travail est nécessaire à la société - les infirmières, les enseignants, les éboueurs, etc. - disposeraient de suffisamment d'argent pour faire la grève et améliorer leurs conditions de travail, d'une semaine de travail de 15 heures viendrait à bout des inégalités dans le monde, car travailler moins réduirait plusieurs problèmes de société - stress, pollution, inégalités hommes-femmes, chômage, etc. - et permettrait de consacrer plus de temps aux aspects de nos vies qui comptent le plus à nos yeux : la famille, les loisirs, etc., opter pour la redistribution qui est le meilleur moyen de prémunir la société contemporaine contre la croissance des inégalités que promettent les avancements technologiques, et remplacer le PIB par plusieurs outils de rechange comme le Happy Planet Index, indice qui tient compte du bien-être, de l'espérance de vie, des inégalités de revenus et des empreintes écologiques d'une société (https://www.lapresse.ca/arts/livres/biographies-recits-essais/201710/13/01-5139968-rutger-bregman-pour-en-finir-avec-la-pauvrete.php), ou encore proposer comme Joseph Stiglitz de prôner une meilleure régulation de la mondialisation (https://www.economie.gouv.fr/facileco/joseph-stiglitz#) et Paul Krugman d’appeler à une hausse de la fiscalité et à un surcroît d’interventionnisme publique, les États à accompagner la mondialisation, et être en faveur de l’instauration d’une sécurité sociale pour tous (https://www.economie.gouv.fr/facileco/paul-krugman), et appuyer une réforme constitutionnelle comme celle de 2015 avec le rapport Refaire la démocratie de Claude Bartolone et Michel Winock qui voulait moderniser la Ve République en sortant le président de la République du rôle ambigu que lui avait conféré Charles de Gaulle en rendant au le président de la République son rôle d’arbitre et de garant, en passant au septennat non renouvelable soit, à défaut, de conserver le quinquennat tout en organisant les élections législatives avant l’élection présidentielle, cette inversion aurait pour effet de donner la prééminence aux élections législatives sur la présidentielle, donc au premier ministre sur le président de la République, en rénovant le Parlement, avec une réduction du nombre de parlementaires : 400 députés (contre 577 actuellement) et 200 sénateurs (contre 348), en accordant en faveur de l’élection «de la moitié au moins des députés à la proportionnelle», selon plusieurs modalités possibles, auxquels s’joute une fusion  du Sénat avec le Conseil économique et social qui est une idée que Charles de Gaulle avait proposée, la question de donner les mêmes pouvoirs à des élus politiques et à des élus sociaux, d’améliorer la fabrique de la loi ou les instruments de contrôle et les droits de l’opposition,  pour lesquels serait notamment nommé un contre-rapporteur d’oppositio», au côté du rapporteur principal, qui serait amené non pas à faire de l’obstruction mais à développer un point de vue différent qui enrichirait les débat», l’extension du champ du référendum à toutes les matières législatives, et plus seulement aux réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation, c’est également le cas de la volonté de créer un véritable référendum d’initiative populaire» et l’institution d’un véritable pouvoir judiciaire indépendant de l’exécutif (https://www.la-croix.com/Actualite/France/Des-propositions-pour-refaire-la-democratie-2015-10-02-1363908).

 

Pendant ce temps, à gauche où la condamnation de l’invasion russe de l’Ukraine est totale, et qui reste malgré tout partagée sur la réponse à apporter, on observe des mouvements (https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Sondage-de-la-presidentielle-Pecresse-au-plus-bas-ca-bouge-a-gauche-1790234). Jean-Luc Mélenchon (11%, -0,5)  qui se voit attaqué par les responsables écologistes et socialistes sur ses positions quand à la crise ukrainienne (https://basta.media/Ukraine-guerre-offensive-russe-Poutine-reaction-candidats-de-gauche-risque-nucleaire), souhaite que soit obtenu un «cessez-le-feu», le départ de l’armée russe et la réunion d’une conférence de l’OSCE (https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/j-ai-toujours-dit-que-si-on-menacait-la-russie-elle-passerait-les-frontieres-declare-melenchon-119be9f0-961c-11ec-8a8c-4c622ba3ed85), et Yannick Jadot (5%), -0,5), qui en appelle à des sanctions contre les responsables russes et même à des livraisons d’armes à l’Ukraine (https://basta.media/Ukraine-guerre-offensive-russe-Poutine-reaction-candidats-de-gauche-risque-nucleaire), sont à la baisse, quand Anne Hidalgo qui en réaction aux frappes russes sur l’Ukraine jeudi, qui auraient fait 137 morts et 316 blessés côté ukrainien selon un premier bilan des autorités, l’Europe et les États-Unis ont adopté dans la soirée des sanctions économiques contre la Russie, mais la maire de Paris veut aller plus loin en fournissant “des armes à l’Ukraine, pour qu’ils se défendent” (https://www.francebleu.fr/infos/international/guerre-en-ukraine-anne-hidalgo-en-faveur-de-fournir-des-armes-a-l-armee-ukrainienne-1645774862), et Christiane Taubira  qui en appelle à la «solidarité avec l’Ukraine et avec le peuple ukrainien» (https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2022/live/2022/02/24/christiane-taubira-yannick-jadot-et-anne-hidalgo-presents-au-rassemblement-contre-la-guerre-en-ukraine_6115028_6059010.html), progressent même si les intentions de vote restent modestes (2,5%, +0,5). Fabien Roussel reste lui stable à 4,5% et n'accuse plus qu'un demi-point de retard sur le candidat écologiste, s’est de son côté opposé à toute livraison d’armes condamnant l’attitude du président russe, mais il s’en prend aussi aux États-Unis (https://basta.media/Ukraine-guerre-offensive-russe-Poutine-reaction-candidats-de-gauche-risque-nucleaire).

 

Ces vingt dernières années, le capitalisme a enchaîné les crises, des marées humaines ont réclamé que leurs dirigeants «dégagent», sans que l’ordre néolibéral en place soit sérieusement ébranlé pour autant. Et c’est l’extrême droite qui progresse. Les erreurs et les reniements de la gauche au pouvoir, en particulier en Europe, expliquent qu’elle n’ait tiré aucun bénéfice du mécontentement général (https://www.monde-diplomatique.fr/2022/01/BREVILLE/64204), comme on peut le voir ici en France.  Ne pouvant rien attendre pour 2022.  Je souhaite qu’en 2027, on ait le droit un candidat qui unira la gauche, comme au Chili avec Gabriel Boric, ancien syndicaliste étudiant, défenseur de la justice sociale et de l'État-providence, âgé de 35 ans, qui a consacré son mandat à la défense des droits de l'homme, à la lutte contre les conflits d'intérêts et à la réduction des indemnités parlementaires, tout en se faisant se fait l'artisan de la réécriture de la Constitution chilienne en 2019, qui une fois élu avec 56% des voix face à son rival d'extrême droite, José Antonio Kast, sous la bannière de la coalition Apruebo Dignidad ("J'approuve la dignité" en français), un rassemblement très large des partis et mouvements de gauche, et appauyé par les anciens leaders étudiants de la Révolution démocratique, la gauche aussi bien libertaire que chrétienne, mais aussi le Parti communiste chilien, les écologistes de la Fédération régionaliste verte et sociale (Frevs) ou encore des figures de centre gauche, comme l'ancienne présidente Michelle Bachelet, a dévoilé vendredi 21 janvier 2022 son gouvernement, marqué par une forte pluralité politique, avec la nomination d'un représentant de la gauche modérée aux Finances et une majorité de femmes dont une climatologue à l'environnement et la petite-fille de Salvador Allende, Maya Fernández Allende, à la Défense. Il souhaite la création d'un système de santé universel ainsi que la mise en place d'un régime public pour les retraites, afin de remplacer le système actuel de capitalisation privée. Pour financer ces futurs services publics, Gabriel Boric entend augmenter les impôts sur les grandes fortunes. Outre le développement d'un État-providence, Gabriel Boric défend des réformes sociétales, en lien avec les luttes féministes très vives au Chili, et le mariage des couples homosexuels, qui sera autorisé dans le pays à partir du 10 mars 2022 (https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/presidentielle-au-chili/chili-quatre-choses-a-savoir-sur-gabriel-boric-le-candidat-de-gauche-elu-president_4887767.html, et https://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/presidentielle-au-chili/au-chili-boric-devoile-un-gouvernement-pluriel-jeune-et-majoritairement-feminin_4925981.html).

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens progressistes

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Publié le 22 Octobre 2021

Non. Tout nous dirigeait vers cette ampleur. Étions-nous plus naïf qu’au États-Unis, aux Pays-Bas, en Australie et en Allemagne ? J’’en doute. Contrairement à ce qu’avançait notre chère hiérarchie depuis 1995, il ne s’agissait pas de quelques «pommes pourries». Le rapport Sauvé sur la pédophilie dans l’Église catholique remis publiquement le mardi 5 octobre 2021 à Paris, à l’épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses, en présence de représentants d’associations de victimes, se basant sur deux ans et demi d’enquête, estime à au moins 330 000 mineurs le nombre de victimes depuis 1950, et montre qu’entre 2900 et 3200 prêtres ou religieux pédocriminels ont sévi dans l’Église en France sur cette période. Des chiffres énormes qui n’auraient pourtant pas dû nous surprendre.

 

Comme le montre sudouest.fr (https://www.sudouest.fr/culture/religion/eglise-et-pedophilie-les-principaux-scandales-d-abus-sexuels-depuis-30-ans-6362176.php) on aurait pu voir la réalité en face bien avant une hiérarchie qui préférait couvrir ses prêtres abuseurs. Il faut dire que les cas de pédophilie au sein de l’Église en France étaient traités dans la confidentialité, plusieurs affaires éclatent au grand jour dans les années 1990. Une dizaine de prêtres et de religieux sont mis en examen. En 2001, Mgr Pican est condamné à 3 mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé l’abbé Bissey, qui officie dans une paroisse de la banlieue de Caen, est accusé d’une douzaine de viols et agressions sur mineurs entre 1985 et 1996, et l’avoir muté dans une autre paroisse sans en informer les autorités. En septembre, Gérard Mercury, un prêtre de 51 ans est condamné à quatre ans de prison par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des atteintes sexuelles sur huit enfants mineurs dont il s’occupait entre 1994 et 1999 lorsqu’il officiait dans les paroisses de Léognan et de Saint-Médard-d’Eyrans, avant d’être muté à la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney-Curé-d’Ars de Pessac. Il avait déjà été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des faits similaires dans le Var quelques années auparavant. En novembre 2001, selon la Conférence des évêques de France, onze prêtres purgent à cette date une peine de prison ferme pour des faits de pédophilie. En 2003, il y a deux condamnations pour viol en France, celle d’Émile Leblond, 84 ans, à huit ans de prison pour viol  par la cour d’assises du Calvados, et du père Jacques Daheron, ex-salarié des Orphelins d’Auteuil est condamné à six ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur trois mineurs par les assises de Paris. En juin 2005, le père François Lefort, une figure de l’humanitaire est condamné pour viols sur mineurs en France. En 2006, c’est les condamnations en France de Pierre Dufour, 71 ans, vicaire épiscopal et curé de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), pour «viols et agressions sexuelles», à 15 ans de réclusion criminelle et d’Henri Le Bras est condamné à 10 ans de réclusion en octobre par la cour d’assises de Seine-et-Marne pour avoir imposé entre 1995 et 1998 des relations sexuelles à un garçon né en 1983. En novembre 2008, la cour d’assises de la Corrèze condamne à 12 ans de réclusion criminelle Olivier Guinant, 56 ans, un ancien prêtre accusé de viols d’un mineur et d’attouchements sexuels sur deux autres jeunes garçons, de 1988 à 1994. Entre 2008 et 2011, plus de 50 enfants abusés dans la Communauté des Béatitudes par un de ses membres qui sera condamné en 2011 à 5 ans de prisons. Plusieurs témoignages indiquent que les responsables de la communauté auraient exclu quatre membres qui avaient révélé l’affaire. Les responsables de la communauté, poursuivis pour «non-dénonciation d’atteintes sexuelles» bénéficient finalement d’un non-lieu pour prescription. Selon une enquête de la Conférence des évêques de France (CEF), en octobre 2010, 9 prêtres sont emprisonnés pour actes de pédophilie et 51 mis en examen. 45 prêtres ont purgé des peines pour faits de pédophilie. Mais ce qui obligera l’Église à voir la réalité en face est l’affaire Preynat. Début 2016, un groupe d’anciens scouts brise l’omerta : ils dénoncent les abus sexuels dont quelque 70 d’entre eux auraient été victimes entre 1986 et 1991 et accusent le père Bernard Preynat, qui reconnaît les faits. Le 10 février, dans un entretien au journal La Croix, l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin reconnaît avoir eu connaissance des comportements du prêtre vers 2007-2008. Cependant, il maintiendra les fonctions du prêtre jusqu’en 2015, sans dénoncer les faits à la justice comme la loi l’y oblige, ni même l’affecter à des fonctions éloignées des enfants. Plusieurs victimes présumées ont porté plainte contre lui pour «non-dénonciation et mise en péril de la vie d’autrui». Le 15 mars, Mgr Barbarin est mis en cause par une autre victime, qui aurait été abusée par un autre prêtre, sans que rien ne soit fait ou dénoncé au niveau du diocèse. Le 9 novembre, une centaine d’évêques français réunis à Lourdes demandent pardon pour le silence de l’Église face à la pédophilie. Une initiative collective encore jamais vue dans le pays. En 2017, la France est de nouveau sur la sellette en juin, avec la mise en examen de l’ancien évêque d’Orléans, Mgr André Fort, pour n’avoir pas dénoncé des faits présumés d’attouchements sexuels sur mineurs, commis par le père Pierre de Castelet (69 ans). Enfin, l’affaire Preynat a inspiré le film de François Ozon, «Grâce à Dieu». Sorti en février 2010, il bouleverse et «fait jaser» à Lyon et partout en France. Le prêtre est condamné en mars 2020 à cinq ans d’emprisonnement pour d’innombrables agressions sexuelles commises sur des scouts entre 1971 et 1991. La Cour de cassation, plus haute juridiction de l’ordre judiciaire, rejette, mercredi 14 avril, le pourvoi de huit victimes de l’ancien prêtre Bernard Preynat contre l’arrêt de la cour d’appel de Lyon qui avait relaxé, en janvier 2020, le cardinal Barbarin pour non-dénonciation d’agressions sexuelles du père Preynat. Le 6 mars 2020, le pape a accepté la démission de Philippe Barbarin. Ce dernier, qui est désormais aumônier d’un couvent de religieuses en Bretagne, avait été condamné en première instance, en 2019, à six mois de prison avec sursis pour n’avoir pas signalé à la justice certains des faits, non prescrits, dont il avait été informé.

 

Comme le montre sudouest.fr (https://www.sudouest.fr/culture/religion/eglise-et-pedophilie-les-principaux-scandales-d-abus-sexuels-depuis-30-ans-6362176.php) d’autres affaires et rapports dans le monde auraient dû nous mettre la puce à l’oreille. En 1985, aux États-Unis, le dominicain Thomas Doyle publie un premier rapport interne pour alerter sur le nombre alarmant de cas de mineurs victimes d’abus sexuels et sur le silence coupable de l’Église. Le prêtre va pourtant se heurter à la résistance de sa hiérarchie. Les évêques américains refusent la mise en place de la commission d’enquête nationale qu’il propose (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113). En Autriche, un de ses anciens élèves révèle dans un magazine que Hans Hermman Groër (1919-2003) se livrait à des attouchements sexuels sur ses élèves et qu’il avait fait de lui son amant durant 4 ans. Le prêtre démissionne immédiatement mais ne répond pas à ces accusations. En septembre 2004, Kurt Krenn un évêque autrichien démis par le Vatican, évêque ultra-conservateur de Sankt-Pölten, démissionne, il est accusé d’avoir voulu étouffer un scandale sexuel dans son diocèse après la découverte de quelque 40 00 images pornographiques, dont certaines à caractère pédophile ou zoophile, dans les ordinateurs portables de plusieurs prêtres du séminaire. Toujours en Autriche, le prêtre d’Annaberg-Lungoetz a été relevé de ses fonctions et transféré dans une abbaye proche de cette localité. Il se serait livré à des attouchements sexuels sur des jeunes gens. Au Mexique, le fondateur de la congrégation des Légionnaires du Christ, le père Marcial Maciel, a dû démissionner en 2006, accusé publiquement de sévices sexuels et de maltraitance sur mineurs en 1956 et 1997. En Irlande, le rapport Ryan en 2009, une enquête de neuf ans, du nom du juge Sean Ryan, avait révélé que des centaines d'enfants avaient été victimes d'abus sexuels, à partir des années 1940, dans des institutions religieuses de tout le pays, et sur près de 35 000 enfants placés dans des réseaux d'écoles catholiques, ateliers, écoles professionnelles, maisons de correction ou autres institutions pour handicapés, plus de 2000 avaient déclaré à la commission Ryan avoir souffert d'abus physiques et sexuels perpétrés par des éducateurs, en particulier des prêtres (http://www.slate.fr/story/13653/eglise-catholique-la-honte-de-lirlande). Depuis 2010, des centaines de cas d’abus sexuels sur des mineurs dans des institutions ont été révélés en Allemagne, notamment dans le très huppé collège Canisius à Berlin. En 2010, la commission Deetman, créée en août 2010, a rendu son rapport sur un vaste scandale de pédophilie au sein de l’Église néerlandaise, qui donnait «Plusieurs dizaines de milliers de mineurs» abusés entre 1945 et 2010 par «800 auteurs d'abus sexuels qui travaillent ou ont travaillé pour les évêchés. Au moins 105 sont encore en vie». La même année, en Belgique, Roger Vangheluwe, l’évêque de Bruges, démissionne après avoir reconnu des abus sexuels sur ses deux neveux, et la commission Adriaenssens de 2010 a recueilli 488 plaintes incriminant 320 auteurs d’abus sexuels (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113). 

 

L’Église américaine a reçu entre 1950 et 2013 des plaintes d’environ 17 000 victimes d’abus commis par quelque 6400 membres de son clergé entre 1950 et 1980. C’est en 2002 que les révélations du plus grand scandale de pédophilie des États-Unis vont faire le tour du monde, à travers une enquête du quotidien «The Boston Globe»  qui a inspiré le film «Spotlight», sorti en 2015 : plus de 200 victimes accusent 90 prêtres d’abus sexuels commis pendant 33 ans dans l’archidiocèse de Boston. Des experts évoquent au Vatican le chiffre de 100 000 enfants victimes d’abus sexuels de la part de prêtres. Plusieurs hauts prélats ont été contraints de démissionner pour avoir fermé les yeux, dont les cardinaux Bernard Law (Boston) et Roger Mahony (Los Angeles). Aux États-Unis, le John Jay report en 2004 – dont s’inspire grandement la Ciase - fait office de modèle. L’étude, rendue publique en 2004, est la plus fournie réalisée outre-Atlantique : plus de 10 000 victimes ont mis en cause environ 5 000 prêtres, soit 4 % du clergé responsable d’environ 13 000 abus sexuels. Et le mouvement amorcé par le John Jay report ne s’arrête pas là : en révélant l’ampleur du scandale, le rapport a incité la justice américaine à ordonner d’autres enquêtes (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-lEglise-letranger-enquetes-multiplient-2021-09-30-1201178113). En 2012 en Australie, 620 enfants ont été victimes d’abus sexuels depuis 1930. En mai 2013, l’archevêque de Sydney présente «ses excuses les plus complètes», mais ces chiffres étaient terriblement bas, et la commission royale australienne montrera que l’Église n’avait pas le souci de la vérité. En Australie, le scandale éclata plus encore en 2017 : entre 1950 et 2010, 7 % des prêtres catholiques australiens ont fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants sans que les soupçons ne débouchent sur des investigations. 4444 faits de pédophilie ont été signalés aux autorités de l’Église. La même année, une enquête journalistique dénonce l’exfiltration d’Afrique par l’Église catholique de prêtres français soupçonnés d’abus sexuels sur de jeunes africains. Couverts par l’Église, ils sont ainsi soustraits à la justice locale. En juillet, de nouvelles révélations éclaboussent l’Église allemande. Entre 1945 et 1990, dans le célèbre chœur catholique de Ratisbonne, plus de 500 enfants auraient été maltraités ou abusés, dont certains violés. 49 auteurs présumés ont été identifiés, mais ne seront pas poursuivis car leurs crimes sont prescrits. C’est le propre frère de l’ex-pape Benoît XVI qui dirigeait alors ce chœur. L’ampleur du scandale des prêtres pédophiles ne cesse de croître aux États-Unis. L’Église catholique du Chili avait été secouée par le «scandale Karima», du nom de cet ancien prêtre, curé d’une paroisse de Santiago, auteurs d’abus sexuels dans les années 1970 et qui avait été renvoyé de l’état clérical en 2011. La polémique rebondit en 2018 lors du voyage au Chili du pape François. Certaines des victimes affirment que Mgr Juan Barros, évêque d’Osorno et nommé par le souverain pontife, était au courant. Mi-août 2018, le procureur de la Pennsylvanie avait rendu publique une enquête révélant des abus sexuels perpétrés par plus de 300 prêtres pédophiles sur plus de 1000 enfants. Des actes couverts par l’Église catholique en Pennsylvanie. Ce rapport de 884 pages indiquait que les abus s’étalaient sur une période de 70 ans. Le 20 décembre 2018, la justice a révélé que près de 700 membres du clergé de l’Illinois avaient été accusés, sur plusieurs décennies, d’agression sur mineur. La même année, on apprenait que des milliers d'enfants ont été abusés sexuellement par des prêtres en Allemagne entre 1946 et 2014, selon une étude sur l'Église catholique allemande qui est accusée d'avoir sciemment caché les faits, avait révélé mercredi 12 septembre 2018 plusieurs médias (https://www.huffingtonpost.fr/2018/09/12/pedophilie-en-allemagne-des-milliers-denfants-ont-ete-abuses-sexuellement-par-des-pretres_a_23525030/). Enfin, un rapport indépendant commandé par l’Église catholique en Allemagne a identifié que des violences sexuelles ont été infligées à 314 mineurs par 202 membres du clergé ou des laïcs entre 1975 et 2018, dans le diocèse de Cologne. Au Chili, la même année, 167 membres du clergé dont sept évêques et 96 prêtres sont visés par une enquête. 119 enquêtes étaient désormais en cours (https://www.bfmtv.com/international/pedophilie-au-sein-de-l-eglise-au-chili-le-nombre-d-enquetes-visant-des-membres-du-clerge-explose_AN-201809010017.html).

 

Et les réformes pour régler le problème sont pourtant simples sauf pour une hiérarchie qui a du mal à se défaire du cléricalisme. Pourtant, ce souci de réformer l’Église est déjà visible en Irlande avec l'Association des prêtres catholiques (ACP) créée en 2010 après le cataclysmique rapport Ryan en 2009, qui demande une refonte du ministère dans l'Église, afin de développer les dons, la sagesse et l'expertise de toute la communauté de foi, hommes et femmes, une restructuration du système de gouvernement de l'Église, le basant sur le service plutôt que sur le pouvoir, et encourageant à tous les niveaux une culture de consultation et de transparence, en particulier dans la nomination des dirigeants de l'Église, et  les célébrations liturgiques qui utilisent des rituels et un langage faciles à comprendre, inclusifs et accessibles à tous, en 2011, appelle à changer la façon dont les évêques sont choisis et comment l'Église catholique considère la sexualité, en 2014, elle recommanda l’ordination des femmes et de permettre aux prêtres de se marier si l’Église veut survivre, et en 2017 elle décide de  redoubler d'efforts pour rallier les paroissiens et arrêter de se disputer avec les évêques, et en Autriche avec l’Initiative des prêtres en 2011dans une Église catholique autrichienne déjà fragilisée par le départ en masse de ses fidèles après les scandales d'abus sexuels lança un appel à la désobéissance, où ils demandaient l'ordination des femmes et des personnes mariées, deux grands tabous de l'église. Ils préconisent aussi la communion aux personnes divorcées et demandent de permettre aux pratiquants non ordonnés, hommes comme femmes, de prononcer des sermons et de diriger des paroisses, pour pallier la crise des vocations, et honorer les relations homosexuelles. Dans ces deux cas, la hiérarchie fit la sourde oreille. Mais ce fut plus difficile de le faire avec la commission royale australienne constituée en 2012 et la Ciase en viennent à des conclusions qui dans leur propos sont différentes mais s’épousent parfaitement notamment sur trois points. Dans ses conclusions, la commission recommande, entre autres, l'obligation, pour les ecclésiastiques de dénoncer les actes pédophiles avoués dans le secret de la confession et l'instauration du célibat volontaire qui ne sera plus obligatoire pour les prêtres. Deux suggestions qui ont, certes, permis d'ouvrir le débat mais qui n'ont pas été suivies par l’Église. Mais elle allait plus loin, préconisant un rôle réel pour les laïcs à tous les niveaux, hommes et femmes, y compris dans le processus de nomination des clercs et de veiller à l’aptitude au travail collaboratif dans le cadre de la formation des prêtres. Cette instance a enfin initié le processus d'indemnisation, notamment par l'Église catholique, des victimes qui, depuis trois mois, peuvent être dédommagées jusqu'à environ 90 000 euros. La commission sur les abus sexuels dans l’Église en France estime que le secret de la confession ne peut être "opposé à l'obligation de dénoncer des crimes sexuels sur les mineurs ou les personnes vulnérables", que l’ont doit revoir les enseignements et la position des prêtres comme la conception taboue de la sexualité, la déformation des écritures, ou encore la position dominatrice, et l’indemnisation des victimes, confiée à un organisme indépendant, devra être revue et considérée non pas comme «un don» mais comme «un dû» de l’Église. Mais la Ciase recommande de changer la gouvernance, car il est nécessaire de faire de la place aux laïcs et notamment aux femmes. Malheureusement l’attitude de la hiérarchie pas été judicieuse face aux solutions données pour mettre fin au abus comme en Australie, où elle refuse de toucher célibat sacerdotal et au sacrement de la confession, mais aussi de donner une plus large place aux laïcs, et en France avec son refus de toucher au sacrement de la confession et pour l’indemnisation des victimes, elle pourrait être faire appel aux dons des fidèles.

 

Si la Conférence des évêques de France hésite, alors des initiatives personnelles des évêques peuvent répondre aux attentes des victimes et du Peuple de Dieu dans son ensemble et faire bouger une hiérarchie craintive, comme celles de Mgr Le Saux, évêque du Mans, qui souhaite entendre "la parole des Sarthois qui voudraient s’exprimer sur la manière dont ils reçoivent ce rapport", et "Ici où là, des rencontres sont mises en place pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’exprimer : la parole se libère de plus en plus dans le cœur de beaucoup"​, note un communiqué de l’Évêché (https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/le-mans-72000/abus-sexuels-dans-l-eglise-yves-le-saux-eveque-du-mans-veut-entendre-la-parole-des-sarthois-9f671a60-324f-11ec-8668-6a8a63483124). Mais beaucoup de fidèles comme le montre lepelerin.com (https://www.lepelerin.com/dans-lhebdo/vie-deglise/rapport-sauve-sonnes-les-catholiques-veulent-faire-evoluer-leglise/) veulent un changement, et sont révoltés contre «le silence de l’Église» qu’ils servent pourtant depuis des années, mais qu’ils désirent voir profondément changer. Ils rêvent d’un «changement de gouvernance» au sein d’une Église qui donnerait plus de place aux laïcs. Beaucoup d’entre eux souhaitent mettre les victimes au centre, rééquilibrer les relations entre clercs et laïcs, faire davantage de place aux femmes, et accroître la synodalité. Et les associations qui soutiennent des victimes d’abus ont la ferme intention de pousser les évêques à adopter les recommandations de la Ciase. Enfin, le synode sur la synodalité inauguré par le pape François le 10 octobre 2021 est vu par Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, comme une opportunité de réfléchir à la gouvernance de l’Église catholique, car la crise des abus sexuels découle notamment d’une notion dévoyée de l’exercice l’autorité dans l’Église, qui sera au cœur des réflexions synodales – du moins dans les diocèses où les affaires sont sorties. Pour Mgr Éric de Moulins Beaufort, président de la Conférence épiscopale de France, alors à Rome, confiait qu’il n’était pour l’heure pas envisagé de lancer en France un processus synodal national pour répondre à la question des abus – comme ce fut le cas de l’Église en Allemagne ou bien en Irlande. Il laissait pour autant entendre que le synode qui s’ouvrirait le 16 octobre dans tous les diocèses du monde serait l’occasion de «recueillir ce qui viendra» sur ces questions-là (https://www.cath.ch/newsf/quatre-questions-sur-les-enjeux-du-synode-sur-la-synodalite/).

 

Mais doit-on attendre de la hiérarchie qu’elle bouge ? Si l’on regarde plus près c’est la pression des fidèles qui a obtenu ce revirement actuel de l’Église comme en France avec La Parole libérée qui a mis la pression à la hiérarchie afin qu’elle ne reste pas dans le déni, au Chili où les victimes de Karadima ont obligé le pape à voir l’ampleur des abus dans le pays, et enfin, la création de l’Ending Clerical Abuse en 2018, réseau regroupe une dizaine d'associations de victimes de prêtres pédophiles. Et en France, on a bien compris que la pression envers la hiérarchie sera la seule solution comme le montre sur Twitter #AussiMonEglise, où des milliers de fidèles appellent à un changement salutaire.

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens progressistes

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