L'Abbé d'Einsiedeln Martin Werlen qualifie de dramatique la situation actuelle de l'Eglise

Publié le 14 Novembre 2012

La dernière publication de l’Abbé d’Einsiedeln Martin Werlen porte certes le titre inoffensif de "Découvrir ensemble la braise sous la cendre" (en allemand "Miteinander die Glut unter der Asche entdecken"). Mais sa "pro-vocation" pour l’Année de la Foi 2012/13 identifie des problèmes qui sont volontiers, dans l’Eglise catholique, balayés sous le tapis. Le fait que l’Abbé Werlen parle sans ambages devrait susciter des remous au sein d’une Conférence des évêques suisses (CES) polarisée.

 

"Je vois dans l'Eglise d'aujourd'hui tellement de cendre refroidie sur la braise que souvent un sentiment d'impuissance m'oppresse", déclarait, dans sa dernière interview, le cardinal de Milan Carlo Maria Martini, qui vient de mourir. L'Abbé Martin Werlen a cité cette parole dans un exposé présenté le 21 octobre dernier à l'occasion de l'ouverture de l'Année de la Foi dans l'église de l'abbaye bénédictine d'Einsiedeln. Ces jours-ci, le texte retravaillé et publié dans un petit ouvrage provoque des remous. Il s'agit ici d'un document de travail, qui doit être discuté et peut être critiqué, peut-on lire dans le court texte de présentation de la brochure. Mgr Werlen dit espérer que celle-ci "encourage les personnes engagées dans l'Eglise, "en dépit de toutes les tentations de désespoir, à chercher ensemble la braise sous la cendre, de sorte que le feu se mette à nouveau à brûler."


L'Abbé Martin Werlen, un moine bénédictin de 50 ans, considère sa réflexion tout à fait comme une "pro-vocation". Dans ce texte, on trouve le terme "vocation", et le "pro" dit clairement que l'appel à la vocation est lancé "de façon positive" et veut encourager à relancer la flamme. Il considère qu'il y a d'innombrables tas de cendres refroidies dans l'Eglise d'aujourd'hui. Son diagnostic est sans fard : La situation de l'Eglise est, cinquante ans après l'ouverture du Concile Vatican II (1962-65) "dramatique", et pas seulement dans les pays de langue allemande. Non seulement il manque toujours davantage de prêtres et de religieux, et il n'y a pas que la fréquentation des églises qui est en constant recul... Mais le vrai problème, selon Mgr Werlen, est ailleurs : "Il manque le feu!"


Environ 20% de la population suisse n'appartient à aucune communauté de foi, et la tendance est en augmentation. Pour Mgr Werlen, c'est clair : "Si le processus se poursuit, cette Eglise refroidie, sous nos latitudes, peut effectivement disparaître avec ses institutions." La tentation est grande, dans cette situation, d'en rester à la cendre, estime l'Abbé Werlen. Il en vient alors à parler de la forte polarisation existant entre conservateurs et progressistes dans l'Eglise d'aujourd'hui. Des deux côtés, beaucoup tournent autour de la cendre. Pour lui, c'est clair : "Si, comme Eglise, nous restons dans la polarisation, nous empêchons les gens de découvrir la braise, qui donne la vie et veut, encore aujourd'hui, brûler." L'objectif doit être "d'entendre aujourd'hui ce que Dieu veut nous dire et aussi de le faire".

 

Ces dernières années, l'Église a, pour l'Abbé Martin Werlen, "perdu beaucoup de crédibilité". Ainsi, par exemple, s'il y a encore aujourd'hui des responsables d'Église qui pourraient dire en public que "la plupart des abus sexuels ne se produisent pas dans l'Eglise, mais dans les familles", ces derniers font alors preuve "non seulement d'une position défensive irresponsable mais également d'incompétence théologique." De cette façon, estime-t-il, on affaiblit le témoignage de l'Eglise. "Lorsque les agressions sexuelles se produisent dans des familles de baptisés, ce sont également des abus commis dans l'Eglise. Tous les baptisés font partie de l'Eglise. Le témoignage de tous les baptisés est exigé ..."


La cendre refroidie à balayer, l'Abbé Werlen la voit notamment dans le système actuel de nomination des évêques. Pour l'Église du XXIe siècle, il devrait être évident que les baptisés et les confirmés d'un diocèse concerné devraient pourvoir participer "de manière adéquate" au processus de nomination. Cette cendre refroidie, Mgr Werlen la voit aussi dans le débat sur le célibat des prêtres qui est dans l'impasse. La vie en célibataire est un chemin possible pour suivre Jésus-Christ, tout comme l'est la vie conjugale. Les deux formes de vie sont des dons de Dieu, mais cela n'est plus guère remarqué dans le public, pas même parmi les baptisés. "Nous avons réussi à présenter la suite du Christ dans le célibat de telle façon qu'elle passe pour être une loi." L'Abbé Werlen mentionne également la question du genre, dans laquelle l'Eglise se montre toujours "maladroite et impuissante". "L'Homme est homme ou femme. L'Eglise a toujours de la peine avec le 'oui' à la femme."


L'Abbé d'Einsiedeln voit aussi la possibilité d'emprunter de nouvelles voies dans le cercle des conseillers du pape. Il estime ainsi qu'il y aurait suffisamment d'espace pour de nouvelles formes. Ainsi les cardinaux, qui pour lui, n'appartiennent finalement pas au dépôt de la foi. Mgr Werlen fait une proposition: A chaque fois pour une période de cinq ans, des personnes venant de partout dans le monde - des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes – pourraient être nommés dans cette structure. Tous les trois mois, ils se réuniraient à Rome avec le pape. Personne parmi ceux qui seraient présents ne dirait ou ne tairait quelque chose par peur pour sa propre carrière. De telles réunions, écrit l'Abbé Werlen, "pourraient susciter une autre dynamique dans la gouvernance de l'Eglise".

 

Alors que l’évêque de Coire Vitus Huonder se manifeste régulièrement comme gardien de la doctrine – récemment, il a rappelé aux divorcés qu’ils n’avaient pas droit à la communion – le moment choisi par Martin Werlen pour tirer une salve nourrie contre l’Église n’est pas fortuit. Son texte, qui n’est pas disponible électroniquement, est un résumé du discours qu’il a tenu lors de la cérémonie consacrée aux cinquante ans du concile de Vatican II, le 21 octobre dernier dans l’église d’Einsiedeln. La Conférence suisse des évêques, dont Martin Werlen est membre, ne commente pas les propositions de l’abbé. «La publication a été faite en son nom sous sa responsabilité. Ses propos sont censés être une contribution aux débats actuels menés au sein de l’Eglise», indique Walter Müller, porte-parole. Il ne croit pas que le texte ravive des tensions entre progressistes et conservateurs au sein de la Conférence: «Cela ne va rien changer.

 

Martin Werlen n’a pas hésité à mettre de l’ordre dans son couvent en 2011 avec une large enquête sur les abus sexuels des prêtres. Et s’est montré sévère envers le pape, à qui il a reproché d’avoir réagi trop mollement et trop tard sur la question au sein de l’Eglise catholique. Il a également réclamé la création à Rome d’un registre central des membres du clergé contre lesquels une plainte pour abus sexuel avait été déposée.

 

Dans cette brochure l'Abbé Martin Werlen en a dit plus que 3 semaines de synode et propose des solutions concrètes, il montre ainsi que tous ne sont pas aveugles sur la situation de l'Église.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Eglise

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H
<br /> Merci d'avoir écrit cet article qui reflète bien la pensée de Martin Werlen. J'en ai lu un compte rendu en allemand dans http://www.sonntagonline.ch/ressort/aktuell/2608/ mais actuellement je n'ai pas eu le temps de faire la<br /> traduction (je parle indifféremment le français et l'allemand)<br />
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P
<br /> <br /> De rien, ce texte je l'ai lu traduit en allemand (avec un dictionnaire et un traducteur d'orthographe en dehors de celui de Google), une langue que je maîtrise mal, et j'ai ensuite essayé des<br /> articles français, où j'ai trouvé un bon compte rendu qui démontre que des clercs peuvent écouter les fidèles. Le site que vous avez donné est intéresant, j'y déjà vu beaucoup de bons articles.<br /> <br /> <br /> Merci !<br /> <br /> <br /> <br />