Des religieuses américaines féministes, très mal vues par le Vatican
Publié le 7 Mai 2014
rtbf.be dans son article du mardi 6 mai 2014 nous montre que le Vatican a admonesté les religieuses américaines de la LCWR, qualifiant de "provocation" la décision de ces dernières d'attribuer un prix à une religieuse féministe, selon un document du Saint Siège publié mardi. Selon ce texte, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller, a sévèrement tancé les responsables de la Leadership Conference of Women Religious (LCWR), lors d'une rencontre le 30 avril.
La LCWR a décidé de conférer un prix, l'Oustanding Leadership Award, à la religieuse Elizabeth Johnson, une théologienne auteur de plusieurs ouvrages contestant une vision trop fondamentaliste des Évangiles et de Jésus. Elle a été critiquée par les évêques américains pour "ses erreurs doctrinales". Son ouvrage Quest for the Living God fut condamné à deux reprises sans qu'elle ait pu défendre son ouvrage. L'Église ouverte au dialogue tarde à venir.
Pour le Vatican, qui entend contraindre l'organisation à une réforme en profondeur, ce choix ressemble à "une provocation plutôt ouverte", a estimé le responsable de la doctrine de la foi du pape François. La LCWR est surtout contre le fait que les conférenciers et la présentation de grands programmes soit approuvée par le Vatican. Ainsi, elle ne pourrait plus promouvoir des positions soit disant en contradiction avec l'enseignement de l'Église.
Le cardinal a particulièrement critiqué "l'évolution consciente" ("conscious evolution"), une manière de concevoir librement sa vie spirituelle inspirée du mouvement New Age, en vogue au sein de la LCWR. Il la compare avec la tradition gnostique. Ce qui déplait surtout au Vatican, c'est que nombre de religieuses écoutent, lisent et voient des expositions qui pourraient amener de nouvelles idées au sein de l'Église et y montrer les divergences dans la foi qui y sont présentes.
La LCWR représente 57.000 religieuses, soit 80% des religieuses américaines. Elle est surtout considérée comme la voix de gauche de l'Église catholique aux États-Unis dans la politique laïque. Elles sont dans le collimateur du Vatican qui, tout en saluant leur dévouement caritatif, leur reproche de se prononcer en faveur de la contraception et de l'homosexualité, tout en restant silencieuses sur l'avortement ou l'euthanasie. L'an dernier, le pape François avait confirmé la remise au pas de ces religieuses.
Pourtant comme le dit l'Huffington Post le lundi 5 mai, l'influence de la Congrégation pour la doctrine de la Foi sous le pape François est peut être en train de changer, car comme l'aurait dit le nouveau pape à des prêtres d'Amérique du Sud et à des religieuses c'est de ne pas s'inquiéter s'ils ont reçu des lettres de la CDF critiquant leur comportement.
La LCWR pose problème car elle ne suit pas la ligne figée que souhaite garder le Vatican et qui amène fatalement l'Église vers des groupes réactionnaires alors que les religieuses américaines pourraient à nouveau lui ouvrir des portes comme entre les années 1980 et 1990, l'époque où les évêques américains étaient encore progressistes.
Merci !