80 ans plus tard, Valls revendique la "continuité" avec le Front populaire

Publié le 8 Juin 2016

L’EXPRESS.fr nous montre que Manuel Valls a placé mardi l'action de son gouvernement dans la "continuité" du Front Populaire, en célébrant les 80 ans des accords de Matignon du 7 juin 1936, qui avaient débouché sur la semaine de 40 heures et la naissance des congés payés.

"Bien sûr, l'époque est aujourd'hui différente et le monde a surtout changé. Mais je pense que nous continuons à être inspirés par ce mouvement et que les réformes que nous menons elles s'inscrivent dans la continuité des avancées que le pays a connu en 1936", a jugé le Premier ministre dans un discours lors d'une cérémonie d'anniversaire des accords à Matignon. "Pour l'éducation. Pour la reconnaissance des droits des salariés. Pour le pouvoir d'achat des familles modestes. Pour l'accès à la santé. Contre la précarité. Pour la solidarité avec les plus fragiles", a plaidé le chef du gouvernement, confronté à un mouvement social contre sa réforme du droit du travail, mené par la CGT, syndicat historique signataire des accords de 1936.

Le Premier ministre, qui utilise à Matignon le bureau en bois de Léon Blum, en a profité pour distiller quelques allusions à ce mouvement, en défendant les "compromis" et les exigences de "l'exercice des responsabilités". "Il y a quelque chose qui reste peut-être d'actualité, c'est que le Front Populaire a posé une conception de ce qu'est l'exercice des responsabilités", a avancé le chef du gouvernement. "Réformer implique toujours d'être à l'écoute des forces vives, de savoir bâtir des compromis. C'était vrai il y a 80 ans jour pour jour (...), c'est vrai aujourd'hui", a-t-il plaidé. L’écoute des forces vives est à revoir.

Issu de la victoire de la SFIO, ancêtre du parti socialiste, du PCF et des radicaux de gauche aux législatives début mai 1936, puis d'un mouvement de grève, les accords de Matignon ont été signés dans l'ancien hôtel particulier devenu le siège des Présidents du Conseil puis des Premiers ministres. Signés par le gouvernement mené par M. Blum, la CGT et le CNPF, l'ancien Medef, ils avaient notamment débouché, outre les deux premières semaines de congés payés et les 40 heures, sur les "contrats collectifs de travail", les futures conventions collectives, et la création de délégués du personnel.

Manuel Valls a osé reprendre le Front Populaire pour dire qu’il fait la même politique. Il est bon de lui rafraichir la mémoire comme le montre RFI.fr. Pour les opposants à la loi travail, le texte affirme plutôt un désengagement de l'État en matière de droits des salariés, alors que les accords de Matignon, renforcés après-guerre par le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) avaient consacré le rôle d'arbitre de l'État.

Selon Gérard Filoche, figure du Parti socialiste, François Hollande ne dit rien d'autre lorsqu'il affirme en 2015 : «Nous allons adapter les droits du travail aux besoins des entreprises.» L'ancien inspecteur du travail qualifie le premier article du projet de loi El Khomri de «contre-révolution». «C'est celui qui dit qu'on va subordonner les droits des travailleurs aux besoins des entreprises. Je suis furieux ! Comment peut-on livrer 18 millions de salariés aux exigences des employeurs ?» Dans ce contexte, il est bien difficile pour le gouvernement d'invoquer le souvenir du Front populaire.

Enfin dans ce discours du Premier ministre, les grands oubliés ont été les syndicats, ensuite le Front Populaire a été porté par un mouvement social ce qui n'est pas le cas ici, alors que le gouvernement actuel met à bas un des acquis de 1936, celui de la négociation et de l'accord par branche, qui devra se faire dorénavant par entreprise, en fonction de l'article 2 de la nouvelle loi. La continuité avec le Front Populaire ? Soyons sérieux, ce n’est pas le cas.

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités

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