Un Vendredi saint à penser différemment

Publié le 10 Avril 2020

Un Vendredi saint à penser différemment

Ce Vendredi saint nous marquons la crucifixion et la mort de Jésus. C'est l'une des dates les plus importantes de l'année liturgique. Comme le signale RTL.fr (https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/paques-qu-est-ce-que-le-vendredi-saint-7800379453), En souvenir de la souffrance endurée par le Christ, lors du Vendredi saint, nous revivons chacune des 14 étapes de sa mort, appelées "stations". Une prière est prononcée à chaque étape, depuis la condamnation à mort de Jésus (première station) jusqu'à sa mise au tombeau (quatorzième station). L'office du Vendredi Saint est alors appelé "célébration de la Passion du Seigneur".

 

R. Alan Streett dans Subversive Meals: An Analysis of the Lord's Supper under Roman Domination during the First Century en 2016 nous montre que lorsque Jésus arrive devant Pilate chargé par les autorités juives, comme un ‘homme qui veut pervertir la nation’, disant qu’il s’est lui-même proclamé ‘comme le Messie, un roi’ (Luc 23,2). Dans l’évangile de Jean, l’accusation est qu’il s’est ‘lui-même proclamé comme Fils de Dieu’ (Jean 19,7). Cette allégation comme ‘Fils de Dieu’ avait des ramifications importantes chez les Juifs, dont les élites voyaient le titre comme une revendication messianique, et les Romains, qui voyaient ce titre comme un challenge à César, le seul qui avait le droit à ce titre exclusif. Pour les élites juives et romaines, cette accusation menait à la mort. Pilate n’eut d’autre choix d’exécuter Jésus comme un révolutionnaire politique contre l’État. En appliquant, l’ultime arme de la domination romaine, la crucifixion, Pilate pensait en finir avec tout cela et que cette tentative de résister à la direction impériale n’irait pas plus loin que la Pâques. Les Romains utilisaient cette méthode d’exécution comme un rituel ridicule de mépris, dans lequel les victimes étaient déshumanisées afin de mettre la terreur dans le cœur des masses de peur qu’elles fassent un acte de rébellion similaire. Jésus crucifié fut soumis, battu et brisé, et on mit fin à travers sa mort à  ses attentes et à ses innovations. En proclamant la bonne nouvelle, le triomphe du Royaume de Dieu, Jésus interférait avec Rome, et ses jours furent comptés, il a souffert précisément parce que la religion et la politique n’étaient pas séparés mais étroitement liés. Jésus a donc fini par mourir comme le martyr du Royaume de Dieu.

 

Comme signe de cette mort horrible menée par la peur des élites de son temps, qui ne voulaient pas que Dieu les dispersent, les renversent, et les renvoient les mains vides (Luc 1,51-53), le pape François a souhaité montrer que la pandémie de coronavirus a jeté une lumière crue sur les difficiles conditions de vie dans de nombreuses prisons, en Italie ou dans d'autres pays, et il a confié cette année les méditations du Chemin de Croix à cinq détenus d'une prison de Padoue, dans le nord de l'Italie, ainsi qu'à la famille d'une victime de meurtre, la fille d'un homme condamné à la prison à vie, un éducateur, un agent de probation, la mère d'un prisonnier, un catéchiste, un frère volontaire, un agent de la police pénitentiaire, et un prêtre accusé puis finalement acquitté après huit ans. Dans un message enregistré le pape a remercié ces prisonniers, témoignant envers eux une proximité qui ne s'est jamais démentie depuis le début de son pontificat et le fait que, «dans le Chemin de Croix, vous prêterez votre histoire à tous ceux qui, dans le monde, partagent la même situation». «Il est réconfortant de lire une histoire dans laquelle il y a des histoires non seulement de personnes en prison, mais aussi de tous ceux qui sont passionnés par le monde de la prison» (https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2020-04/vendredi-saint-pape-prisonniers.html).

 

Près d'un an après l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, c'est devant une cathédrale vide de fidèles que l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a célébré le Vendredi Saint, avec un "temps de méditation", en présence du violoniste Renaud Capuçon, a interprété plusieurs sonates de Bach et une Mélodie d’Orphée de Gluck particulièrement émouvante, et des comédiens Philippe Torreton et Judith Chemla, qui ont lu des textes de Charles Peguy (un éloquent texte sur la couronne), Paul Claudel, Francis Jammes et Mère Teresa, vêtus d'une combinaison blanche et de bottes - alors que la décontamination au plomb de l'édifice n'est pas achevée. Judith Chemla a également entonné un très troublant Ave Maria de Schubert a cappella. Lors de sa méditation devant la sainte Couronne d'épines, l'une des reliques sacrées de Notre-Dame sauvée de l'incendie du 15 avril 2019, le prélat a rappelé la "sidération" et "l'élan mondial" qui a suivi pour que la cathédrale "soit rebâtie, restaurée". Le jour du Vendredi Saint marquant la mort de Jésus et le deuil de l'Église, il ne s'agissait pas d'une messe, contrairement à la cérémonie de juin 2019, deux mois après l'incendie. En pleine crise sanitaire, Mgr Aupetit a aussi rappelé que "dans cette semaine sainte, le monde entier est terrassé par une pandémie qui répand la mort et qui nous paralyse". Le 16 mars, le chantier de la cathédrale avait été mis en sommeil pour cause de coronavirus, pour ne pas faire courir de risques aux ouvriers et aux compagnons mobilisés sur le site (https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/celebration-a-notre-dame-pour-le-vendredi-saint-avec-renaud-capucon-philippe-torreton-et-judith-chemla_3908969.html).

 

Comme le montre francetvinfo.fr (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/direct-coronavirus-en-vue-de-son-discours-de-lundi-macron-consulte-ses-allies-europeens-et-les-partenaires-sociaux_3908451.html) des bonnes nouvelles sont arrivées. Les ministres européens des Finances sont finalement parvenus à s'entendre sur une réponse économique à 500 milliards d'euros. Le plan s'oriente sur trois axes principaux : jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), un fonds de garantie permettant à la Banque européenne d'investissement (BEI) de déployer jusqu'à 200 milliards pour les entreprises, et jusqu'à 100 milliards pour soutenir le chômage partiel, détaillent Les Echos. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni pour la première fois pour discuter de la pandémie de coronavirus, mais peine à trouver un consensus. Il pourrait voter une résolution pour un cessez-le-feu à l'échelle mondiale afin de faciliter la lutte contre la pandémie et favoriser l'acheminement de l'aide humanitaire. Et la convention citoyenne pour le climat (CCC) a transmis 50 propositions à l'exécutif pour créer "un modèle économique et sociétal différent, plus humain et plus résilient", pour l'après-pandémie. Ils plaident pour "une régulation de la mondialisation en faveur du climat", accompagnée d'une "relocalisation des activités des secteurs stratégiques pour assurer notre sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique".

 

On peut ajouter comme le montre L’Express.fr (https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/en-direct-coronavirus-pres-de-100-000-morts-dans-le-monde-et-quelques-motifs-d-espoir_2123419.html) quelques chiffres encourageants en Europe et aux États-Unis qui permettent d'espérer un ralentissement prochain dans la hausse de ce décompte macabre. Pour la première fois, le nombre de patients en réanimation a légèrement baissé en France, et la situation s'est stabilisée dans plusieurs foyers épidémiques américains du Covid-19. Comme quoi, pas besoin de prières et de reliques, le respect du confinement et des gestes barrière est plus efficace. Un évêque comme Charles Borromée l’avait compris en faisant la proposition d'une quarantaine générale lors de laquelle tous les citoyens devaient s'enfermer chez eux pendant quarante jours, elle fut adoptée en 1576 pour stopper l’épidémie de peste. Les Milanais en quarantaine ne pouvaient ni aller à l'église pour prier, ni assister à la messe. Charles Borromée a fait en sorte qu'à tous les carrefours de la ville, il y ait des croix et des autels où l'on pouvait célébrer des messes auxquelles on pouvait participer de loin, en regardant par les fenêtres. À partir de la mi-décembre 1576, la propagation de l'épidémie a ralenti, mais en dépit de l’amélioration de la situation, les autorités ont maintenu et prolonger la quarantaine, avec l’assentiment du cardinal (https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-04/epidemie-et-quarantaine-les-precedents-dans-l-histoire-italienne.html).

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église, #Actualités

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article