Un repentir toujours difficile pour l’Église

Publié le 26 Mars 2021

Bernadette Sauvaget dans Libération.fr nous montre ce vendredi 26 mars 2021 que réunis en assemblée plénière, les évêques français sont partagés sur la reconnaissance de la responsabilité collective de l’institution en matière d’agressions et crimes sexuels.

 

L’affaire faisait, jeudi, encore débat. Réunis en assemblée plénière depuis mardi, les évêques catholiques français (environ une centaine) se penchaient, une nouvelle fois, sur le dossier très délicat de la pédocriminalité dans l’Église. Ils devaient conclure les réflexions, entamées il y a deux ans et demi, par quatre groupes de travail portant sur la manière de faire mémoire des violences sexuelles commises dans les institutions catholiques, sur l’accompagnement des agresseurs, sur la prévention et sur un système de réparations financières à destination des victimes. Malgré les réunions qui se succèdent, des désaccords profonds subsistent entre les évêques, notamment sur la question très épineuse de la responsabilité collective de l’institution. Fin février, ils ont réfléchi, à huis clos, à cette notion mais rien n’a encore filtré sur les résultats de ce brainstorming théologique et philosophique.

 

Cependant, une partie non négligeable des évêques considère que les violences sexuelles commises au sein de l’Église catholique sont le fait de brebis égarées. Elles n’auraient pas, selon eux, de caractère systémique. Un point de désaccord irréconciliable avec les collectifs de victimes qui estiment, eux, que la hiérarchie catholique a globalement failli dans la gestion des affaires mettant en cause des prêtres et des religieux. Certains prélats, tels que l’évêque de Vendée, François Jacolin ou celui d’Orléans, Jacques Blaquart sont davantage en pointe dans la lutte contre les violences sexuelles et l’accueil des victimes. «Ce sont les rencontres avec ces personnes qui changent le regard», souligne François Jacolin.

 

Parmi les éléments en discussion, les prélats pourraient avaliser une déclaration solennelle reconnaissant officiellement la responsabilité de l’Eglise et formuler une demande de pardon. L’actuel président de la Conférence des évêques de France (CEF), Éric de Moulins-Beaufort, qui a tenu une conférence de presse ce vendredi midi, y serait favorable. En tant que telle, ce serait une première en France. Un projet de texte circulait la semaine dernière. «L’Église veut assumer sa responsabilité devant l’humanité en demandant pardon pour ces crimes et les défaillances qui ont pu les accompagner», y lit-on, selon une version que Libération a pu consulter.

 

La question des réparations financières suscite également d’intenses débats. Lors de leur assemblée plénière, les évêques devaient décider, pour avaliser leur dispositif, s’ils attendaient ou non les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) qui doit remettre son rapport à l’automne. Jean-Marc Sauvé, qui préside les travaux de la Ciase, a estimé récemment qu’il y avait eu au moins 10 000 victimes d’abus sexuels dans les institutions catholiques depuis les années 50. Les collectifs de victimes plaident pour que l’Église attende les publications du rapport de la Ciase. D’ores et déjà, le diocèse de Lyon, suite à une décision de la justice canonique de mai 2020 (la justice interne de l’Église), a indemnisé pour un montant total de 169 500 euros, en faisant appel à des dons de fidèles, quatorze victimes de l’ex-prêtre Bernard Preynat, condamné à cinq ans de prison ferme.

 

Finalement, comme le montre francetvinfo.fr (https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/pedophilie-de-l-eglise/pedocriminalite-l-eglise-catholique-francaise-va-verser-une-contribution-financiere-aux-victimes_4348323.html) les évêques catholiques français ont décidé le versement d'une "contribution financière" pour les victimes de pédocriminalité. L'annonce a été faite vendredi 26 mars par la Conférence des évêques de France, qui a précisé que l'Église veut "assumer sa responsabilité". Son montant sera "forfaitaire". Cette contribution sera financée par un "fonds de dotation ad hoc" et déterminée par "une instance indépendante d'assistance" qui aura la charge "d'examiner les demandes et de décider les attributions dans la limite des capacités d'un fonds", selon la Conférence des évêques de France. Cette contribution "n'est pas une indemnisation ni une réparation", a déclaré Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, lors d'une conférence de presse venant clore l'assemblée plénière de quelque 120 évêques qui ont voté onze résolutions, dont plusieurs en faveur de la lutte contre la pédocriminalité. Ils ont aussi décidé que le principe d'une "journée de prière" chaque année à la mémoire des victimes, voulue par le Vatican, aurait lieu le "troisième vendredi de carême" et poursuivent leur travail "en vue d'établir, si possible à Lourdes (...), l'installation d'un lieu de mémoire". Autres nouveautés, une "équipe nationale d'écoutants" ou encore la création d'un "tribunal pénal canonique (pour le droit de l’Église) interdiocésain national".

 

Le président de la Conférence des évêques de France, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort a eu des mots très forts : "Nous éprouvons de la colère mais surtout de la tristesse et de la honte en pensant que des prêtres ont pu user du pouvoir que le Christ leur a donné et que l'Église leur avait confié pour commettre des œuvres de mort sur des enfants et des jeunes." Les évêques le reconnaissent, ces actes ont été trop nombreux pour n'y voir que la part d'horreur commise par quelques individus, recensés sur une longue période et dans une population nombreuse. "Nous devons reconnaître qu'il y a là un fait social que nous devons regarder avec lucidité", disent-ils.  L'Église de France dit vouloir assumer sa responsabilité devant la société en demandant pardon pour les crimes. Les crimes des prêtres abuseurs et les défaillances des autorités ecclésiales qui n'ont pas vu ou n'ont pas voulu savoir (https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/pedophilie-dans-l-eglise-la-conference-des-eveques-de-france-reconnait-ses-responsabilites-7900012966).

 

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église, #Actualités

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