Les catholiques progressistes sont des réformateurs, pas les boucs émissaires des mouvements réactionnaires

Publié le 19 Mars 2014

Les catholiques progressistes sont responsables de tous les maux; la vielle marotte utilisée à leur encontre sans jamais vérifier, car cela est plus simple que de réfléchir aux véritables raisons de la crise actuelle de l'Église. Ils aimeraient que nous pratiquions l'obéissance intellectuelle, nous admettions en principe tout ce que l'Église enseigne, et acceptant sans examen tout ce qu'on connaît de cet enseignement; ne discutant ni le sens ni la portée logique de ce que nous croyons; en gros l'Église nous apprendra d'elle ce que nous devons penser sur tous les grands sujets qui intéressent l'existence humaine. Leurs activités seront ainsi réglée par une autorité extérieure, et ils ne pourront pas penser par eux-mêmes. Ils se défendront de penser sur les questions religieuses, par crainte de penser mal; ils s'instruiront de la religion dans les bons livres qui leur sont recommandé, et ils n'auront pas d'autres idées que celles qui lui sont garanties comme très orthodoxes et très sûres. Ceci n'est pas être catholique, c'est une abdication contre nature, à laquelle il faut résister, et repousser consciemment comme une violation de sa personnalité.

Le progressisme catholique, n'est pas qu'un "rhume des foins" bien au contraire. Les questions radicales de théologiens et d'exégètes sur la Bible et sur leur monde, refoulées par le Vatican, continuent leur chemin. Le progressisme est loin de couler comme un fleuve tranquille, et sa reconnaissance connaît tantôt des temps d'arrêt, tantôt des accélérations précipitées. Il marche au rythme des mouvements; œcuménique, il s'inscrit dans les débats entre les différentes sciences sociales, il s'ouvre à l'interrogation des catholiques sur la place de leur Église dans la société contemporaine. Il répond à une aspiration à des formes moins autoritaires et plus communautaires de la vie interne de l'Église, une considération attentive du monde et une ouverture œcuménique.

Les catholiques progressistes veulent réformer le catholicisme pour lui permettre d’engager un débat constructif avec son temps. Ils s’emploient donc à suggérer une modification en profondeur de l’image de l’Église par l’ecclésiologie et le retour aux sources. Ils tendent ainsi à rejeter la définition de l’Eglise comme société visible et parfaite (finie avec les abus sexuels des prêtres sur mineurs, les dérives sectaires des communautés nouvelles et ecclésiales, la Banque du Vatican, le soutien aux dictatures en Amérique latine, Espagne et Portugal) au profit d’une définition communautaire et organique, tout en élaborant une théologie qui se veut scripturaire et christocentrique, désireuse d’ouvrir le dialogue avec les chrétiens séparés et les religions non chrétiennes.

Chaque génération véhicule son lot de vérités, d'erreurs, de préjugés, de tendances, d'aspirations, de besoins intellectuels qui la différencie des précédentes, ce qui fait que la vérité du christianisme ne réside pas dans l'immuabilité de la doctrine, mais au contraire dans sa capacité de se renouveler sans cesse. Les affirmations des théologiens sont donc loin d'épuiser la doctrine et d'exprimer adéquatement la vérité révélée.

Les manifestations contre le mariage pour tous ont développée une atmosphère générale de soupçon à l'égard des tout ce qui n'est ne va pas dans le sens des mouvements réactionnaires du catholicisme comme le montre l'annulation de la conférence de Fabienne Brugère. Les catholiques progressistes doivent faire face à des mouvements qui sont fiers de participer, à sa place, au magistère de l’Église, et tendent à regarder de haut leurs adversaires, dont ils contestent la compétence technique. Les progressistes doivent montrer la solidarité qui les unit face à ces censeurs et défendre les théologiens, les exégètes, les diacres, les prêtres, les évêques et les cardinaux visés par ces attaques le plus souvent anonymes.

Les catholiques progressistes éprouvent un fort sentiment de chances manquées. On perçoit pourtant que toutes les conditions d'un débat intellectuel sérieux sont pourtant réunies. On s'aperçoit qu'un espace de discussion existe, il est même très vivant. La crise actuelle du catholicisme rentre d'ailleurs dans le cadre d'interrogations bien plus générales dont les progressistes ont essayé de donner des solutions sans jamais avoir été écoutés.

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Pensées de paroissiens-progressistes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article