La grosse colère du pape François !

Publié le 24 Avril 2014

Dans l'article de Philippe Ridet, correspondant du Monde à Rome, dans le Monde.fr du 21 avril, de Maxime Blanchard dans Figaro.fr du 22 avril, et dans La Croix.com le même jour, on apprend sans surprise que la volonté de réforme du pape du mode de vie des hiérarques de l'Église ne va pas de soi.

D'après un article de la Republica du 20 avril, l'ancien secrétaire d'État de Benoit XVI, Mgr Tarcisio Bertone, pourtant un Salésien, a décidé de s'installer dans un vaste appartement de 700 m2 dans le palais San Carlo, réservé aux dignitaires de l'Église, celui-ci restant camerlingue de la Sainte Église romaine, un rôle crucial qu'il a assumé au moment de la démission du pape Benoit XVI. Celui-ci serait en cours d'aménagement car comme le précise La Croix : « L’appartement, qui comporte également un toit terrasse de 100 m2 , serait la réunion d’un appartement de 400 m2 , où vivait l’ancien inspecteur général de la Gendarmerie vaticane sous Jean-Paul II, et d’un autre appartement de 100 m2 où vivait Mgr Bruno Bertagna, vice-président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, jusqu’à sa mort en octobre dernier. » Il devrait y loger avec trois bonnes sœurs, chargés des tâches ménagères. Mais, même avec leur présence, rien ne justifie en aucun cas un tel agrandissement, même pour accueillir un camerlingue.

Ici, il y clairement de la provocation de la part du cardinal Bertone. Le palais San Carlo est étrangement limitrophe de la demeure du nouveau pape, un deux pièces de 70 m2 de la résidence Sainte-Marthe. En effet, ce dernier avait refusé d'intégrer les appartements pontificaux de 300m2 au troisième étage du palais apostolique, car il avait expliqué apprécier « être au milieu d'autres membres du clergé », ce qui signifiait dans les faits qu'il ne voulait pas vivre aussi isolé des réalités de l'Église que l'avait été Benoit XVI lors de son pontificat. La résidence Sainte-Marthe compte bien 120 chambres réservées aux invités de passage et habitées en permanence par des évêques et des prêtres. Une demeure à l'image de son message réformateur concernant « une Eglise des pauvres au service des pauvres » à l'image du message de Jésus dans les évangiles. Peut-on alors s'étonner de la « grosse colère » à cette nouvelle, non de l'installation (elle était connu de tous), mais de la somptuosité des aménagements, rapporté par le journal Republica, qui ne rapporte pas sa source. Ce qui est normal vu le principe de confidentialité, qui est nécessaire à l'existence d'une véritable liberté de la presse ! C'est une première, mais compréhensible surtout après les nombreux scandales financiers qui ont touché l'Église récemment comme le rappelle très bien La Croix : « Cette affaire survient après la démission, en mars, de Mgr Franz Peter Tebartz-van Elst, évêque de Limbourg (Allemagne), pour son implication dans les importants dépassements budgétaires lors des travaux de construction de son centre diocésain, incluant sa luxueuse résidence pour un coût de 31 millions d’euros.

Au début du mois, c’est l’archevêque d’Atlanta (sud-est des États-Unis), Mgr Wilton Gregory, qui avait dû présenter ses excuses après avoir fait construire une résidence de 2,2 millions de dollars (1,6 million d’euros) et qu’il a finalement décidé de quitter. »

Comment donc avoir l'air crédible quand un des hauts responsables de l'Église ne s'astreint pas à suivre les recommandations du pape sur le mode des vies des prêtres et des évêques, et fait comme si il n'y avait eu aucun scandale auparavant. On comprend alors pourquoi, le Jeudi Saint, il a repris ses propos virulents, de début de pontificat, contre les « prêtres onctueux, somptueux et présomptueux » qui, au contraire, devraient avoir la « pauvreté » pour compagne.

Cela démontre que le courant conservateur est encore bien prégnant au Vatican et fera tout pour freiner des quatre fers toute tentative de réforme au sein de la hiérarchie ecclésiale comme de la Curie, et pourra compter sur des hommes comme Mgr Tarcisio Bertone, qui semble encore en vouloir au pape François, qui l'a licencié en août 2013 du poste de secrétaire d'État au profit du cardinal Pietro Parolin, alors qu'il avait tout fait pour y demeurer. Mais ce n'était plus possible tant le scandale Vatileaks a prouve ce qui n'était plus un secret pour personne, même pour Benoit XVI, que Tarcisio Bertone n'était pas l'homme qu'il fallait pour être le n° 2 du Vatican : erreurs de gestion, choix malencontreux, favoritisme surtout en faveur des conservateurs, sans, rapporte-t-on, que son honnêteté ne soit mise en cause. Je ne savais pas que le népotisme était considéré comme une pratique honnête aujourd'hui ? Et, en plus, son anti-sécularisme forcené, prouvant qu'il ne connaissait rien à la diplomatie, l'a mis en froid avec certains États européens, dont la France, alors que le Secrétaire d'État est censé être aussi un équivalent de ministre des Affaires étrangères. Si on ne compte pas ses propos ridicules, rapporté par Le Monde le 12 avril 2010, associant homosexualité et pédophilie en totale contradiction avec ceux de Benoit XVI, rapporté par le même journal le 17 avril 2008, alors qu'il est censé être en accord avec ce dernier. Dans ces conditions, il était peu réaliste que le pape François le maintienne à son poste où il allait avoir besoin d'un homme de confiance et connaissant les arcanes de la diplomatie, d'où le choix du cardinal Parolin.

Le pape François ne pourra pas se contenter de sa seule colère, il va devoir, comme il l'a fait à Limbourg, se montrer ferme au risque de déplaire aux conservateurs. Ce qui prouve bien que depuis, le début de son pontificat, il y a bien une lutte ouverte qui s'engage entre les hommes, installés par Benoit XVI, et lui, qui compte étrangement sur le soutien de son prédécesseur. Cela n'a rien d'anormal en soi car il espère que le pape François pourra réussir là où il a échoué, la Réforme de l'Église.

Freyr1978

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Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Eglise

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