Tagle appelle à un "jubilé d'anticoronavirus", et exige que les pays riches annulent la dette extérieure envers les pauvres

Publié le 31 Mars 2020

"Maintenant, nous réalisons que nous n'avons pas assez de masques, alors que les balles abondent. Nous n'avons pas assez de respirateurs, mais nous avons des millions de dollars à dépenser dans un avion qui peut attaquer les gens." Le nouveau préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, Luis Antonio Tagle, a crié ce dimanche de Rome contre l'injustice que la crise des coronavirus a révélée comme nous le montre Jesús Bastante ce mardi 31 mars 2020 sur religiondigital.org.

 

Une injustice qui, paradoxalement, pourrait être renversée pendant la pandémie. Telle est la proposition du «Pape rouge» : un jubilé spécial pour le coronavirus, au cours duquel les pays riches éliminent les dettes envers les plus endettés. Le soi-disant First World, ou les dirigeants du G-20, pourront-ils accepter le défi de Tagle ?

 

Lors de son homélie, retransmise en streaming, le cardinal philippin a regretté que le manque de ressources puisse signifier la "tombe" des populations les plus pauvres. D'où son appel au pardon des "intérêts exorbitants" des prêts internationaux, afin que les nations les moins développées soient en mesure de faire face à la pandémie. "Le pardon permettrait à ceux qui sont dans la tombe de la dette de retrouver la vie." Mais cela ne suffit pas. Selon Tagle, il faut "réorienter les dépenses militaires des gouvernements vers d'autres objectifs : l'éducation, le logement et l'alimentation".

 

L'initiative de Tagle survient à l' occasion du 20e anniversaire du Grand Jubilé de 2000, auquel le Saint-Siège et toute l'Église catholique ont activement adhéré, ainsi que de nombreuses ONG, où la remise de dette était déjà demandée. Deux décennies plus tard, l'annulation de la dette extérieure des pays très endettés est toujours en suspens.

 

Et Jesús Bastante montre aussi le souci du pape pour les sans-abris en cette période de pandémie sur religiondigital.org (https://www.religiondigital.org/el_papa_de_la_primavera/Francisco-Iglesia-acoja-techo-dentro_0_2218278154.html). «Prions aujourd'hui pour tous les sans-abris, qui en ce moment nous demandent d'être à l'intérieur. Parce que la société, hommes et femmes, réalise cette réalité, la dernière, et que l'Église les accueille.» Le pape François a consacré aujourd'hui la messe à la maison Sainte-Marthe «aux sans-abri, à ceux qui ne peuvent se limiter à se défendre contre le coronavirus simplement ... parce qu'ils n'ont pas de maison».

 

Face à la pandémie de coronavirus, la thèse de la «punition divine» envers une humanité pécheresse est évoquée dans des milieux religieux et est en fait souvent mis au service d’intérêts idéologiques particuliers. «Habituellement, c’est le comportement de l’homme lié à la sexualité qui est visé, en particulier l’homosexualité et l’avortement. Il est plus rare que les ‘punitions’ en question soient reliées au manque de solidarité humaine, aux guerres ou aux atteintes à la Création». Le théologien, médecin et éthicien genevois Bertrand Kiefer estime cependant que cette idée va à l’encontre des valeurs évangéliques, notamment de responsabilité et d’humilité comme le montre cath.ch (https://www.cath.ch/newsf/bertand-kiefer-parler-dune-punition-divine-un-reflexe-trop-facile/), car dans le cas du coronavirus, ce sont justement les pauvres, les personnes les plus vulnérables, qui sont frappées en premier. «Alors que ces petits sont ceux vers qui se porte naturellement la tendresse du Christ».

 

Alors que c’est pourtant bien ce dernier aspect qui peut être mis en cause dans l’éclatement de la pandémie de Covid-19. Les scientifiques considèrent en effet, avec un haut degré de fiabilité, que le virus trouve son origine dans l’interaction entre l’homme et la faune sauvage. Il aurait transité de la chauve-souris à l’humain en passant peut-être par le pangolin. Une transmission probablement réalisée suite à une prédation et une consommation de ce petit mammifère par ailleurs en voie d’extinction. «C’est ainsi bien l’intrusion de l’humain dans le milieu naturel, son dérangement, qui semble être la cause de la tragédie actuelle», note Bertrand Kiefer. Une constatation qui devrait nous alerter, alors que dans bien d’autres parties du monde, les activités humaines empiètent de plus en plus sur les zones sauvages, où des virus inconnus pourraient aussi trouver leur chemin au sein de la population.

 

Il déplore, qu’à l’inverse, des groupes religieux aient critiqué ou passé outre les directives de sécurité. Dans divers endroits du monde, des oppositions se sont exprimées notamment face à la recommandation de communier dans la main plutôt que dans la bouche. D’un point de vue médical, Bertrand Kiefer souligne que le risque de transmission virale est effectivement plus important avec la communion dans la bouche. Au niveau de l’éthique chrétienne, il estime que la préservation de la vie et le principe de précaution doivent être placés au dessus de la réalisation des rituels, si importants soient-ils. «Il existe depuis longtemps dans le christianisme cette idée que l’on ne peut pas mettre sa propre vie en danger. Et a fortiori, dans le cas d’une épidémie, la personne qui s’expose elle-même, met la vie des autres en péril. Le commandement de Dieu de ne pas tuer est sans doute valide aussi dans les cas de négligence».

 

Pour le théologien, plutôt que de chercher des coupables, il faudrait commencer par se demander comment, à travers cette crise, nous pouvons grandir en humanité. «Il me semble que ce drame étrange peut nous mener à une forme de conversion, nous remettre dans l’essentiel». Outre les vertus d’altruisme, et d’ouverture à l’autre que nous demande la situation, il s’agit d’un important moment «d’interrogation collective».

 

Enfin, Nicolas Senèze, à Rome, nous montre pour la-Croix.com (https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Coronavirus-drapeaux-Vatican-berne-pour-lItalie-monde-2020-03-31-1201087119) que de manière inhabituelle, le Vatican a mis en berne ses drapeaux, mardi midi 31 mars, par solidarité avec les victimes du Covid-19 en Italie et dans le monde, leurs familles et tous ceux qui luttent généreusement pour y mettre fin. Il s’agirait de la première fois, au moins depuis la Seconde Guerre mondiale, que le Vatican place ainsi ses drapeaux en berne pour un événement qui ne concerne pas directement le Saint-Siège.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualité de l'Église, #Actualités

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article