Les «cathos de gauche» n’ont pas disparu
Publié le 19 Janvier 2017
Koztoujours sur les réseaux sociaux, Erwan Le Morhedec, avocat de profession et blogueur catholique revendiqué, lors d’une interview sur marianne.net au titre évocateur "L’instrumentalisation identitaire monte en puissance chez les catholiques" le mardi 17 janvier 2017 dont les propos ont été recueillis par Louis Hausalter, parle de la montée du vote identitaire dans l’Église catholique et ses dangers, mais un passage sur les cathos de gauche est beaucoup moins fiable :
«La situation que vous décrivez n’est-elle pas aussi liée à la disparition des «cathos de gauche» ?
Leur grande perte de visibilité ne fait que renforcer cette démarche identitaire, sur le thème : «Ils ont disparu, c’est bien la preuve que nous avions raison !» Mais ce moment de réaffirmation est aussi un retour de pendule par rapport au discours des catholiques de gauche, qui estimaient que nous n’avions pas à nous afficher comme chrétiens. Comme le sens de la mesure n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux partagé, à la tentation de la dilution répond la tentation identitaire»
Les catholiques de gauche n’ont pas disparu, on les trouvent dans de nombreuses organisations comme les catholiques de droite, notamment le Secours catholique, CCFD-Terre solidaire, les Semaines Sociales de France, Chrétiens en Forum, l’Action catholique des Milieux Indépendants, l’Action catholique Ouvrière (ACO), la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine (JOCF), Scouts et guides de France, le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne, Délégation Catholique pour la Coopération (ACO), Justice & Paix, et Pax Christi. Ils peuvent se trouver également dans le site À la table des chrétiens de gauche, dans le Réseau des Parvis, dans la CCBF, voire dans l’hebdomadaire Témoignage Chrétien ou la revue Golias. Ces mouvements sont toujours des lieux de réflexion et de ressourcement pour des militants engagés dans des organisations professionnelles, politiques ou associatives non confessionnelles.
Ensuite, la stratégie de l’enfouissement est de permettre aux chrétiens de témoigner de leur foi par leurs actes. L’action se fait dans le milieu de vie pour transformer la société en profondeur. Si cette stratégie n’a pas marché, c’est qu’elle n’a pas été soutenue par la hiérarchie comme le montre le cas des prêtres ouvriers, ou la théologie de la libération. Les critiques de Jean-Paul II à son encontre n’ont pas aidé non plus. On préféra soutenir les communautés nouvelles et les nouveaux mouvements ecclésiaux à la foi démonstrative mais aux résultats peu probants. Pourtant le synode des évêques qui s’était tenu à Rome entre le 7 et le 28 octobre 2012 sur le thème "La Nouvelle Évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne" a vanté la stratégie de l’enfouissement en disant que «Témoigner de l’Évangile n'est le privilège de personne. Ainsi reconnaissons-nous avec joie la présence de tant d'hommes et de femmes qui par leur vie se font signes de l’Évangile au milieu du monde.»
Les cathos de gauche n’ont pas été écoutés, mis de côté par la hiérarchie, et sont donnés mort par la presse et les catholiques identitaires. Pourtant, ils ne sont pas morts et vont très bien. Avant des les enterrer, il faut remarquer qu’ils font à nouveau la une des journaux et le vote Fillon à la primaire de la droite les a sans doute réveillés. Espérons que maintenant, les cathos de gauche puissent porter leur valeur fièrement et enfin montrer que l’Église ne se limite pas aux identitaires obsédés par l’islam et l’immigration, mais que s’y trouvent des hommes solidaires, ouverts, et engagés qui n’ont pas peur du monde dans lequel ils vivent.
Merci !