Violences sexuelles : que l’Église ouvre les yeux, «c’est le premier vrai miracle de Lourdes»

Publié le 6 Novembre 2021

Bernadette Sauvaget, envoyée spéciale à Lourdes, nous montre dans son article du vendredi 5 novembre 2021 sur libération.fr que les 120 évêques réunis en plénière à Lourdes ont voté, vendredi matin, un texte qui, outre la responsabilité institutionnelle, reconnaît le caractère systémique des violences sexuelles.

 

En une poignée de minutes, vendredi midi, Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a opéré un pas décisif. Et inattendu. Pour la première fois en France, le prélat a reconnu la responsabilité institutionnelle de l’Église catholique dans les violences sexuelles qui ont fait plus de 330 000 victimes, selon les estimations de la Commission indépendante sur les abus sexuels (Ciase) qui a rendu son rapport le 5 octobre. Réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière d’automne, les 120 évêques ont voté, vendredi matin, un texte qui, outre la responsabilité institutionnelle, reconnaît le caractère systémique des violences sexuelles. «Elles ne sont pas seulement le fait d’individus isolés, mais ont été rendues possibles par un contexte global. Des fonctionnements, des mentalités, des pratiques au sein de l’Église catholique ont permis que ces actes se perpétuent et ont empêché qu’ils soient dénoncés et sanctionnés», lit-on dans un texte synthétisant leurs décisions. Selon des sources internes à l’épiscopat, la déclaration, dont tous les mots ont été soigneusement pesés et discutés, a fait l’objet d’un vote favorable «massif».

 

La reconnaissance de la responsabilité institutionnelle de l’Église catholique était une revendication des associations de victimes et un point de fracture entre elles et l’épiscopat. « Pour moi, c’est une première étape, très importante. Maintenant on attend surtout ce qui va avoir lieu derrière, les votes et les décisions qui seront prises à l’issue de cette assemblée », a réagi Olivier Savignac, du collectif de victimes Parler et revivre (https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/05/pedocriminalite-les-eveques-de-france-reconnaissent-la-responsabilite-institutionnelle-de-l-eglise_6101062_3224.html). «C’est une étape historique qui a été franchie. Il faut savoir reconnaître, déclare François Devaux, le fondateur de La parole libérée, association aujourd’hui dissoute. C’est le début d’un long chemin mais qui ne règle pas tout, notamment pour rétablir la confiance. Si les évêques étaient attendus sur cette question de la responsabilité institutionnelle, le pape l’est encore davantage. Pour le moment, François n’a toujours pas franchi ce pas.» La plupart des associations de victimes expriment leur satisfaction. «C’est un soulagement car je craignais que l’assemblée de Lourdes n’accouche d’une souris, confie, à Libération, un prêtre de Vendée, membre du Collectif 85, regroupant des victimes de violences sexuelles dans ce département. Tout n’est pas gagné. Il faut rester vigilant. Mais le processus semble enclenché.» Jean-Pierre Sautreau, le lanceur d’alerte dans ce diocèse, commente sur le mode de l’humour. «C’est le premier vrai miracle de Lourdes», lâche-t-il.

 

Jusqu’à présent, il n’y avait que l’évêque de Vendée, François Jacolin, confronté à plusieurs scandales massifs de pédocriminalité dans son diocèse, qui avait reconnu clairement reconnu la responsabilité de l’institution. En février, l’ensemble des évêques s’était réuni pendant trois jours pour réfléchir à la notion de responsabilité, preuve s’il en est que d’importants blocages existaient entre eux sur cette question. Le mois suivant, ils avaient publié un texte reconnaissant partiellement des degrés de responsabilité, sans aller jusqu’à mettre en cause l’institution. Depuis lors, l’épiscopat campait sur cette position. La déflagration provoquée par la publication du rapport Sauvé a changé la donne. «Il y a un avant et un après, c’est évident», souligne une source interne à la CEF. Depuis un mois, nombre de fidèles catholiques, bouleversés par ces révélations, réclament des réformes et des changements. Cette pression a sûrement joué dans la décision des évêques qui, vendredi après-midi, ont convié une centaine de laïcs à travailler avec eux sur les suites à donner au rapport Sauvé. Les évêques se sont par ailleurs prononcés par un vote sur «cet engagement de responsabilité», selon le porte-parole de la CEF, Hugues Woillemont. C’était l’une des principales recommandations de la Ciase, qui proposait de reconnaître la responsabilité civile et sociale de l’Eglise « indépendamment de toute faute personnelle de ses responsables» (https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/05/pedocriminalite-les-eveques-de-france-reconnaissent-la-responsabilite-institutionnelle-de-l-eglise_6101062_3224.html).

 

«Il fallait que les évêques trouvent une base commune pour pouvoir continuer à avancer», dit-on dans l’entourage d’Eric de Moulins-Beaufort. Fragilisé par la polémique sur le secret de la confession, le président de la CEF semble avoir repris la main. «Le constat terrible de la Ciase nous oblige à entamer un grand travail de renouveau», a-t-il déclaré, vendredi en début d’après-midi dans l’hémicycle où se tiennent les débats. Le principal chantier qui s’ouvre est celui des réparations. «Nous sommes dans la perspective d’un processus de réparation, de justice réparatrice», un processus dans lequel «il y a d’abord un travail d’accueil des personnes victimes, d’écoute, de reconnaissance de ce qu’elles ont subi, de médiation et de réparation, avec une dimension financière», a affirmé à la presse Luc Crepy (https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/05/pedocriminalite-les-eveques-de-france-reconnaissent-la-responsabilite-institutionnelle-de-l-eglise_6101062_3224.html), évêque de Versailles. Il a promis lundi « des gestes forts » ainsi qu’un « échéancier précis » de mesures à mettre en œuvre. D’ici lundi, les évêques vont affiner et, selon toute vraisemblance, entériner leur dispositif. De leur côté, les associations de victimes et les réseaux de fidèles catholiques qui se mobilisent maintiennent leur pression. Tandis que les évêques ont prévu une cérémonie en mémoire des victimes, deux rassemblements sont prévus, samedi en début d’après-midi, l’un à Paris devant le siège de la CEF et l’autre à Lourdes.

 

En France, les évêques ont montré un certain courage en reconnaissant la responsabilité de l’institution dans les abus, malheureusement les évêques polonais, qui ont achevé vendredi 29 octobre leur visite ad limina au Saint-Siège, n’ont pas les souci de répondre à la souffrance des victimes des prêtres pédophiles puisqu’ils se sont plaint auprès de leurs interlocuteurs romains des sanctions ayant frappé certains de leurs confrères, accusés d’avoir tu ou négligé des affaires de pédophilie (https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-eveques-polonais-trouvent-Rome-trop-severe-2021-11-03-1201183433). Les victimes polonaises méritent mieux que ces plaintes absurdes .

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Église

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