Amoris laetitia, quatre cardinaux écrivent leurs «doutes» au pape

Publié le 15 Novembre 2016

Nicolas Senèze dans on article du lundi 14 novembre 2016 pour la-Croix.com nous montre que les cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner ont rendu publique une lettre adressée au pape, énumérant des dubia (doutes) sur l’exhortation publiée par le pape François après le synode sur la famille.

 

Quatre cardinaux ont rendu publique, lundi 14 novembre, une lettre au pape François dans laquelle ils expriment un certain nombre de doutes (dubia) à propos de l’exhortation apostolique Amoris laetitia. Par ce geste inhabituel, les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffarra et Joachim Meisner affirment ne pas vouloir s’opposer au pape mais, celui-ci n’ayant pas répondu à leur lettre du 19 septembre, ils interprètent «cette décision souveraine (…) comme une invitation à continuer cette réflexion et cette discussion calme et respectueuse». «Nous voulons espérer que personne n’interprétera cette démarche en fonction du schéma “progressistes-conservateurs”», assurent les quatre cardinaux. Ils représentent néanmoins l’aile plus conservatrice du Sacré Collège mais assurent qu’ils veulent seulement «aider le pape à prévenir des divisions et des oppositions au sein de l’Église, en lui demandant de dissiper toute ambiguïté».

 

Publiées sur le blog du vaticaniste Sandro Magister, les questions des quatre cardinaux portent notamment sur le chapitre 8 d’Amoris laetitia. En particulier sur les paragraphes 300 à 305 sur l’éventuel accès aux sacrements de divorcés remariés. Selon eux, «des théologiens et des chercheurs ont proposé des interprétations non seulement divergentes, mais même contradictoires» et cela provoquerait «de l’incertitude, de la confusion et du désarroi chez un grand nombre de fidèles». Les quatre cardinaux demandent ainsi si «l’expression “dans certains cas” de la note 351 de l’exhortation Amoris lætitia» suggérant la possibilité d’accès aux sacrements de personnes «dans une situation objective de péché», peut «être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre more uxorio (comme des époux)».

 

«L’enseignement de l’encyclique de saint Jean-Paul II Veritatis splendor (…) à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ?», interrogent plus largement les quatre cardinaux. Ils demandent s’il est «encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère, se trouve dans une situation objective de péché grave habituel». En langage canonique, les dubia («doutes», en latin) sont des questions formelles posées au Saint-Siège appelant à une réponse «oui» ou «non», sans argumentation théologique.

 

Manifestement, en utilisant cette technique et en continuant à employer des expressions telles que «intrinsèquement mauvais» ou «situation objective de péché grave habituel», les cardinaux ne semblent pas avoir compris ce que le pape explique pourtant clairement au n° 300 d’Amoris laetitia. Il y affirme «qu’on ne devait pas attendre du Synode ou de cette exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas».

 

Mais comme le montre periodistadigital.com, le nouveau cardinal Blase Cupich assure se sentir un peu déçu par ces prélats dissidents qui «ne comprennent pas ce que cela signifie d'être un évêque dans l'Église catholique». Donner une vision plus ecclésiale à ces évêques qui en manquent, est selon lui difficile car ils ne veulent pas suivre le «chemin de conversion» auquel le pape invite toute l'Église.

 

Ce camp conservateur va vite déchanter comme le montre Cameron Doody dans son article du lundi 14 novembre 2016 pour periodistadigital.com où le pape François apprivoise l'archi-conservatrice Académie pontificale pour la Vie. Dans le nouveau statut de l'Académie, publié samedi, disparaît l’invitation aux universitaires de signer l’agressif «Serment des Serviteurs de la vie». À son tour, ils ont proposé un «soin de la dignité de la personne» mesuré à chaque étape de sa vie, tout à fait dans la ligne du dialogue qui distingue le pontificat actuel.

Le renouvellement de la raison d'être de l'Académie par le pape vient après les changements de personnel, qu’il a entrepris en août, en faveur d’une logique d’ouverte des prélats à travers la miséricorde pastorale, et après avoir remplacé le cardinal Sarah à la cérémonie d'ouverture de l'année académique de l’Institut Jean-Paul II, une organisation à laquelle l'Académie est liée depuis la création du nouveau ministère pour les laïcs et la vie de famille. Les trois ordres spécifiques de l'Académie restent les mêmes qu'en 2004, même si ces statuts subissent une dernière modification. Sont alors  à étudier les questions liées à la promotion et à la défense de la vie, à la formation à la «culture de la vie» et un rapport sur les résultats de leurs investigations.

 

Ce qui est nouveau, en revanche, est le paragraphe suivant, absent dans la rédaction des statuts 2004. Selon l'Académie : « ... L'étude des différents aspects liés à la prise en charge de la dignité de la personne humaine à différents âges de l'existence, le respect mutuel entre les sexes et les générations, la défense de la dignité de tout être humain, la promotion de la qualité la vie humaine qui intègre la valeur matérielle et spirituelle, avec la perspective d'une authentique «écologie humaine» pour aider à rétablir l'équilibre originel de la création entre la personne humaine et l'univers entier.»

 

Il disparaît dans la nouvelle constitution, à son tour, toute référence à l'article 5 du combatif «Serment des serveurs de la vie», écrit par le premier président de l'Académie, Jérôme Lejeune en 1994. Le serment se lit, en partie : «Dès le moment de la conception la personne est inaliénable. Pour les ovules fertilisés, les embryons, les fœtus, les nouveau-nés fécondés, on ne peut pas se débarrasser d'eux ou les vendre. Personne ne peut les soumettre à quelconque expérience.» «La Nouvelle Académie s'engage à promouvoir et défendre les principes relatifs à la valeur de la vie et à la dignité de la personne humaine». Cette clause est ce qui reste dans la nouvelle formulation de l'ancien serment, qui annonce que le pape veut une défense de la culture de la vie plus calme, paisible et respectueuse de la culture d’aujourd'hui.

 

Les deux modifications, en combinaison avec l'abolition de l'adhésion à vie à l'Académie, et du lien de l'Académie avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, permettent ainsi au pape François de remodeler la composition et la mission de cette Académie dans son approche d’une unité de soins intensifs d'un «hôpital de campagne» que serait l’Église. Pas sûr que cette vision plaise à nos quatre cardinaux renégats.

 

Merci !

Rédigé par paroissiens-progressistes

Publié dans #Actualités de l'Eglise

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G
J'ignorai que ces quatre cardinaux avaient quitté l'ECR , vous avez lu cela où ! Qu'il ne soit pas d'accord avec le Pape François n'en fait pas un renégat.<br /> Quant à mon mode d'expression j'appelle un chat un chat et ne tourne pas autour du pot.0 Toutefois un conseil soignez les votre renégat est un terme très fort qui méritait le bûcher
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P
gaëtan,<br /> <br /> Vous déformez mes propos, j'ai dit qu'il ne font pas partie de ce pontificat pas qu'ils sont en dehors de l'ECR. ET le mot 'renégat' n'est en rien fort, puisqu'ils s'opposent depuis le début à l'ouverture voulue par le pape. Ici, c'est un manquement à la solidarité envers le pape qui peut être vu comme une trahison.<br /> <br /> Merci !
G
Brandmüller : 87 ans<br /> Caffarra : 78 ans<br /> Meisner : 83 ans<br /> Burke : 68 ans, il reste le plus 'jeune' et aussi le plus dangereux. Rappelez-vous ses sorties "carnavalesques" en cappa magna, son désir d'être pape sous le nom de Pie XIII,son affrontement direct avec le Pape. Dangereux, ce mec!
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G
Pas sûr que cette vision plaise à nos quatre cardinaux renégats.<br /> <br /> Il serait bon de démontrer en quoi ces cardinaux sont renégats! En effet si nulle interrogatioin n'est possible da
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P
gaëtan,<br /> <br /> On s'attend toujours à ce que vous poussiez là où il ne faut pas. Vous y allez fort comme à votre habitude. Ce n'est pas une dictature ici, mais 4 hommes qui n'ont pas désiré faire partie de ce pontificat, qui ont cherché à bloquer ses mesures et qui maintenant essayent de faire du chantage au pape. Ils ne sont pas des victimes, ils sont pleinement responsables de ce qui leur arrive.<br /> <br /> Merci !
G
(désolé frappe malencontreuse, je continue )<br /> dans l’Église que vous appelez de vos vœux , on se rapproche d'un régime autoritaire légèrement fascisant. Il faut dire que François en a fait l'expérience , et éventuellement recopie des méthodes qu'il a connues , voire avalisées.